Créée en 2014, dans le sillage de la révolte ayant mis fin à la dictature en 2011, l'Instance vérité et dignité (IVD) a été chargée de répertorier les violations commises par des représentants de l'Etat entre 1955 et 2013, une période qui couvre la présidence de Habib Bourguiba (1957-1987), de son successeur Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011), mais aussi les troubles post-révolutionnaires. A la fin de son mandat en 2018, l'IVD a rédigé un volumineux rapport qui a été publié dans le Journal officiel en 2020. Dans un communiqué envoyé à l'AFP, Mme Bensedrine dit faire l'objet depuis février 2021 d'une enquête judiciaire pour des soupçons de falsification de ce rapport. Elle est soupçonnée d'avoir perçu un pot de vin pour y ajouter un paragraphe accusant la Banque Franco-Tunisienne (BFT) de corruption, ce qu'elle dément, selon le communiqué Mme Bensedrine a été interdite de quitter le territoire, après avoir été convoquée jeudi par un juge d'instruction au pôle judiciaire financier et économique, qui lui a notifié son inculpation pour "s'être procuré des avantages injustifiés", "causé des préjudices à l'Etat" et "falsification", et ce sur une demande du parquet en date du 20 février 2023, a-t-elle précisé dans le communiqué. Elle s'est étonnée de ce que les mesures la visant aient été annoncées dès le 17 février par une chroniqueuse "réputée proche de la ministre de la Justice". Aucun commentaire sur cette affaire n'a pu être obtenu de source judiciaire. Dans son rapport final, l'IVD qui a auditionné près de 50.000 victimes présumées et transmis 173 dossiers à la justice, avait appelé à "démanteler un système de corruption, de répression et de dictature" persistant au sein des institutions de l'Etat. Une vingtaine de personnalités dans les milieux politiques, médiatiques et des affaires ont été arrêtées en Tunisie depuis début février. Le président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, a qualifié les personnes arrêtées de "terroristes" et affirmé qu'elles étaient impliquées dans un "complot contre la sûreté de l'Etat".
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