L'avocat Willie Kimani, son client Josephat Mwenda et leur chauffeur de taxi Joseph Muiruri avaient disparu le 23 juin 2016 après une audience dans un tribunal de la banlieue de Nairobi. Leurs corps mutilés avaient été retrouvés une semaine plus tard dans la rivière Ol Donyo Sabuk, au sud-est de la capitale. "Le tribunal a considéré ce meurtre comme des plus répugnants, avec une planification et une exécution méticuleuses", a déclaré vendredi devant le tribunal de Nairobi la juge Jessie Lesiit. Les assassinats des trois hommes, précédés de torture, avaient suscité une vive émotion dans le pays et conduit le barreau kényan à décréter une grève des prétoires d'une semaine. Le client du jeune avocat, un chauffeur de moto-taxi, accusait la police de l'avoir harcelé et intimidé afin qu'il abandonne une plainte contre un haut responsable des forces de l'ordre qui, disait-il, lui avait tiré dessus sans raison en avril 2015. Les poignets de Me Kimani avaient été attachés, trois de ses doigts coupés et ses yeux énucléés, selon la presse kényane. Fredrick Leliman, policier, a été condamné à la peine de mort. "Le premier accusé étant un policier engagé pour protéger des vies a agi en abus flagrant de sa fonction", a déclaré la juge Lesiit. Stephen Cheburet et Sylvia Wanjiku, tous deux également policiers, ont été condamnés respectivement à 30 et 24 ans de prison. Une quatrième personne, Peter Ngugi, qui avait aidé les policiers à se débarrasser des corps, a été condamné à 20 ans de prison. En juillet, la juge Jessie Lessit avait déclaré que "sur la base des preuves présentées, il n'y a pas d'autre conclusion raisonnable que leur culpabilité". Les quatre condamnés ont annoncé qu'ils allaient faire appel de la décision. Bien que la peine de mort soit inscrite dans la loi kenyane, la dernière exécution capitale dans ce pays d'Afrique de l'Est remonte à 1987. Ces dernières années, les peines de mort ont été commuées par les présidents. La police kényane est régulièrement accusée d'exécutions extrajudiciaires par les organisations de défense des droits de l'Homme kényanes et internationales. Le président kényan William Ruto, élu en août, a annoncé le 16 octobre le démantèlement de la redoutée Unité des services spéciaux (SSU), unité de police créée il y a 20 ans et sous le feu des critiques après des cas de disparitions forcées et de meurtres. Le chef de l'Etat a également promis une refonte de la police.
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