Cette décision a été publiée au journal officiel JORT. Les conseils municipaux seront remplacés par des "délégations spéciales", formées de fonctionnaires et qui seront placées sous la tutelle du gouverneur de chaque région. Les mandats des 350 maires et conseillers municipaux, actuellement en place, doivent expirer fin avril, et des élections étaient théoriquement prévues dans la foulée. Ces conseils sont issus pour la majorité des municipales de 2018, qui avaient été marquées par la victoire de listes indépendantes, suivies du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, la bête noire de M. Saied, et du parti libéral Nida Tounes. De nombreux conseils municipaux avaient ensuite plongé dans d'importants conflits internes, ce qui avait abouti à de nouveaux scrutins ces cinq dernières années. Dans une vidéo diffusée dans la nuit de mercredi à jeudi, M. Saied a déjà annoncé l'examen d'une loi portant sur la dissolution des conseils municipaux. Il a indiqué que deux projets de loi concernant ces conseils: l'un "concernant la révision de la loi sur l'élection des conseils communaux" et l'autre "concernant la loi pour l'élection des membres" de la future Assemblée des régions. Ce dernier dispositif complètera le système bicaméral qu'il veut instaurer, sur la base d'une nouvelle Constitution votée par référendum à l'été 2022. Le Parlement --dont les prérogatives sont très diminuées-- sera constitué de deux chambres: l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et l'Assemblée des régions. La première plénière de l'ARP se tiendra lundi 13 mars, selon le JORT. M. Saied s'est octroyé tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, en limogeant son Premier ministre et gelant le Parlement, dissous par la suite, faisant ainsi vaciller la démocratie ayant émergé de la première révolte du Printemps arabe. Organisées en décembre et janvier, les élections législatives pour désigner les députés de l'ARP ont été marquées aux deux tours par une très forte abstention (près de 90% des votants) et qualifiées par l'opposition comme "illégitimes". "Nous continuerons à marcher tous ensemble vers la victoire", a clamé M. Saied dans sa vidéo, avant de s'en prendre à ses opposants politiques. "Aujourd'hui, ils manifestent librement et prétendent qu'il y a de la tyrannie alors qu'ils défilent sous la protection de la police." "Ils veulent jouer les victimes", a-t-il ajouté. Abrogée par M. Saied, la Constitution de 2014 avait consacré le principe de la décentralisation de l'Etat, considéré comme un acquis très important par la société civile et les multiples partis politiques nés après la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali il y a 12 ans.
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