La cour d'assises spéciale a assorti sa peine d'une mesure de sûreté des deux tiers et ordonné un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans après sa sortie de prison. L'accusé de 42 ans, originaire d'Auxerre (centre de la France) et basé à Louvroil près de Maubeuge (nord), était jugé depuis lundi pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle pour plusieurs tentatives de rallier un réseau de recrutement et des zones tenues par l'EI entre 2013 et 2017. Sa compagne Dounia Bentefrit, 41 ans, sous contrôle judiciaire depuis juin 2022, comparaissait elle aussi pour AMT. La cour l'a condamnée à cinq ans de prison dont deux avec sursis simple et l'obligation d'un suivi socio-judiciaire de 8 ans de même que la poursuite du dispositif de prise en charge de la radicalisation en milieu ouvert PAIRS (programme d'accompagnement individualisé et de réaffiliation sociale). "La cour ne souhaitait pas qu'une réincarcération mette à mal le processus de réinsertion que vous avez entrepris" et la décision est "surtout dans l'intérêt de vos enfants", a-t-elle indiqué au moment du verdict. Chaïb Attaf, surnommé "le jihadiste du clavier" dans son entourage, avait adhéré de longue date à la mouvance jihadiste et mûri son ralliement au califat autoproclamé de l'EI et la possibilité d'y mourir en martyr. Refoulé une première fois de Syrie en 2014, il se rabat vers la Libye où la mouvance terroriste entend étendre son territoire et tient jusqu'à décembre 2016 la ville portuaire de Syrte (nord) et une grande partie de la côte-est. Sur place, "l'eldorado islamique" qu'il dit avoir idéalisé vire à l'"enfer", selon ses termes. Sa compagne et leurs deux enfants en bas âge resteront des mois cloîtrés clandestinement dans des lieux insalubres, ballotés notamment entre Derna et Sebha, dans le nord-ouest du pays en guerre. Lui dit avoir été traité comme de "la chair à canon" par un groupe EI en déroute, son bataillon décimé par un bombardement. Il sera arrêté en mai 2017 tout comme le reste de la famille et tous passeront deux ans dans les geôles libyennes avant d'être expulsés en avril 2019 vers l'Egypte et le mois suivant en France. Chaïb Attaf a assuré lors du procès ne pas avoir combattu, se disant déçu par le groupe EI mais toujours fidèle à l'idée d'un "Etat islamique". Les deux accusés ont été aussi condamnés pour soustraction à leurs obligations légales vis-à-vis de leurs enfants. L'avocate générale avait requis une peine de 18 ans de réclusion contre Chaïb Attaf, assortie d'une peine de sureté des deux tiers, et 8 ans d'emprisonnement contre sa compagne.
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