La nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP), élue lors des tours en décembre et janvier marqués par une abstention massive (près de 89%), a tenu sa première réunion, retransmise en direct par la télévision publique, dans son siège au Bardo, en banlieue proche de Tunis. Seuls les médias officiels tunisiens ont été autorisés à couvrir la séance et les représentants de la presse privée et les journalistes étrangers ont été tenus à l'écart, selon une correspondante de l'AFP. "Ce qui se passe est dangereux et reflète une méfiance injustifiée des autorités envers les médias", a déclaré à l'AFP Amira Mohamed, vice-président du Syndicat des journalistes tunisiens. Le nouveau Parlement a été élu sur la base d'une nouvelle Constitution que le président Kais Saied a fait adopter par référendum le 25 juillet 2022, un an après s'être arrogé les pleins pouvoir en suspendant l'ancienne assemblée avant de la dissoudre et en limogeant le gouvernement. La Constitution a instauré un système hyper-présidentialiste et pratiquement réduit à néant les compétences du Parlement, qui était le véritable centre du pouvoir dans le système en place après la chute de la dictature de Zine El Abidine Ben Ali à l'issue de la première révolte du Printemps arabe en 2011. Le nouveau Parlement compte 161 députés mais 154 sièges seulement ont été pourvus à ce stade. Il compte 25 femmes seulement. Après avoir prêté serment, les députés, pour la plupart inconnus du grand public, ont élu un partisan de M. Saied, l'ex-bâtonnier des avocats Ibrahim Bouderbala, 71 ans, au poste de président du Parlement. Deux autres députés, dont une femme, ont été élus comme adjoints. La principale coalition de l'opposition au président Saied, le Front de salut national (FSN), a affirmé dans un communiqué qu'il ne reconnaissait pas le nouveau Parlement "issu d'une Constitution putschiste et d'élections boudées par l'écrasante majorité des électeurs". Principale force au sein du Parlement dissous en 2021, le parti islamo-conservateur Ennahdha a également affirmé dans un communiqué son refus de reconnaître "une assemblée parlementaire dénuée de toute légitimité".
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