La coalition Yewwi Askan Wi (YAW, Libérons le peuple) avait prévenu qu'elle passerait outre à une éventuelle interdiction. Le durcissement de ton de sa part et de celle de la majorité présidentielle à l'orée d'une semaine sous tension a fait craindre qu'une interdiction n'échauffe les esprits. Le doute a entouré la délivrance ou non de l'autorisation jusqu'à quelques heures avant le début du meeting prévu en milieu d'après-midi dans un quartier populaire de Dakar. Les autorités ont interdit un certain nombre de manifestations de l'opposition ces derniers mois. Le préfet de Dakar Mor Talla Tine a finalement pris un arrêté transmis à l'AFP et autorisant le rassemblement à partir de 15H00 (locales et GMT). Les tensions vont grandissant depuis des mois dans ce pays considéré comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée. Le rassemblement de mardi ouvre une séquence à risques, avec des marches annoncées par Yewwi Askan Wi dans tout le pays mercredi et le procès prévu jeudi d'un des chefs de file de la coalition, Ousmane Sonko, pour diffamation. Les dossiers judiciaires ouverts contre M. Sonko et l'hypothèque qu'ils font peser sur sa candidature à la présidentielle sont sources de crispations depuis deux ans. Outre les préoccupations socio-économiques, le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat contribue aussi à dresser les camps adverses les uns contre les autres. La mise en cause de M. Sonko dans une affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à déclencher des émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts. M. Sonko réfute les accusations de viols et crie au complot pour l'éliminer politiquement. La justice l'a renvoyé devant un tribunal pour un procès à une date non-déterminée. Le rassemblement de mardi vise à faire cesser "l'instrumentalisation" de la justice ainsi que les arrestations "arbitraires" et le recours par le pouvoir à des milices aux côtés des forces de l'ordre, disent les organisateurs. Dans un communiqué publié lundi, l'Alliance pour la République, le parti du président Sall, taxe M. Sonko et son parti, le Pastef, de "logique insurrectionnelle". "C'est par la violence que Pastef et son leader tentent de se soustraire à la justice", dit-il. M. Sonko, 48 ans, tient un discours à la fois souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Il pilonne l'emprise économique et politique exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française et les multinationales. Défenseur des valeurs religieuses et traditionnelles, il jouit d'une grande popularité parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié a moins de 20 ans. Ses détracteurs dénoncent en lui un populiste n'hésitant pas à souffler sur les braises sociales.
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