Crise de l'électricité: le président sud-africain sous pression

Infos. Le président sud-africain s'adresse jeudi à un pays exaspéré: Cyril Ramaphosa prononce dans la soirée son discours annuel sur l'état de la Nation, dans un contexte de crise aiguë de l'électricité, privant de courant chaque jour et pendant des heures 60 millions de Sud-Africains.

Crise de l'électricité: le président sud-africain sous pression
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Le Cap (AFP)

Une réponse du chef de l'Etat à cette crise sans précédent dans la première puissance industrielle du continent est attendue. Le parti au pouvoir, l'ANC (Congrès national africain), a affirmé avoir donné "des consignes claires" et sommé le gouvernement de déclarer l'état de catastrophe nationale. 

M. Ramaphosa doit prendre la parole à 17H00 GMT depuis l'hôtel de Ville du Cap.Plusieurs centaines d'invités sont attendus à la cérémonie retransmise en direct à la télévision.

Les appels au président à se dispenser de "fausses promesses" se sont multipliés depuis la veille sur les chaînes d'information, les radios et les réseaux sociaux."C'est un système entier de l'énergie qui s'effondre et il ne sera pas possible de résoudre la situation dans un temps court", avertit Erwin Schwella, spécialiste sud-africain des questions de gouvernance, interrogé par l'AFP.

Les coupures d'électricité, qui se sont aggravées depuis l'année dernière, ont atteint presque 12 heures certains jours, s'ajoutant à un climat économique et social morose. Le chômage plafonne à 32,9%, les économistes prévoient une croissance annuelle quasi nulle et les ménages ont de plus en plus de mal à boucler les fins de mois à cause d'une augmentation persistante du coût de la vie.

- "Pays qui s'effondre" -  

Cette crise de l'électricité s'ajoute en grande partie aux stigmates de l'ère de corruption sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018).Les caisses de la compagnie publique Eskom ont été une des principales cibles du pillage organisé des ressources de l'Etat. 

Aujourd'hui, la compagnie qui produit 90% du courant consommé dans le pays est prise à la gorge par les dettes, tout en se débattant avec des centrales au charbon vieillissantes et mal entretenues, régulièrement en proie aux pannes.Et l'Afrique du Sud, encore largement dépendante des énergies fossiles, peine à se lancer dans une transition vers les énergies propres. 

Elle a été la première nation à signer un "partenariat pour une transition énergétique équitable" (JETP) en 2021, obtenant un soutien financier des pays riches.Un plan d'investissement de 98 milliards de dollars a été approuvé l'an dernier à la COP27 en Egypte. 

En fin de matinée au Cap, environ 300 manifestants étaient déjà rassemblés, ont constaté des journalistes de l'AFP.La grogne contre les pénuries d'électricité monte et des protestations ont eu lieu dans plusieurs villes au cours des dernières semaines, à l'appel de l'opposition et des syndicats.

Le leader du premier parti d'opposition (DA, Alliance démocratique), John Steenhuisen, a fustigé mercredi devant ses troupes "l'héritage de Ramaphosa" et "un pays qui s'effondre". 

Le parti radical de gauche, l'EFF (Combattants pour la liberté économique) a de son côté juré de ne pas laisser le président "délinquant" s'exprimer à la cérémonie. 

Embourbé dans un scandale au parfum d'argent sale, M. Ramaphosa, 70 ans, a échappé à une procédure de destitution en décembre, soutenu par l'ANC. Une enquête de police est toujours en cours.Le parti historique l'a dans la foulée réélu à sa tête, lui assurant un second mandat de chef d'Etat en cas de victoire de l'ANC aux élections générales de 2024. 

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