Lundi, une autre personnalité, l'animateur de radio-télévision Mohamed Youssouf Bathily, dit "Ras Bath", a été placé sous mandat de dépôt après avoir déclaré qu'un ex-Premier ministre mort en détention il y a un an avait été "assassiné". Les voix discordantes peinent à se faire entendre sans risquer d'être inquiétées sous le régime de la junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020. Rokia Doumbia, connue au Mali pour son engagement contre la vie chère et très suivie sur les réseaux sociaux, a indiqué elle-même à un correspondant de l'AFP avoir été interpellée lundi à la suite d'un direct sur TikTok la veille. Son interpellation a été confirmée par le parquet. Elle était toujours au commissariat mercredi, a indiqué un policier sous le couvert de l'anonymat. "Sous votre gouvernance, ça ne va pas", a-t-elle lancé dans son "live" à l'adresse du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. "Cette transition est un échec avec 0% (de résultats). Je ne donnerais même pas 1%, mais 0%", a-t-elle déclaré en parlant de la période de gouvernement militaire censée précéder le retour, annoncé pour 2024, des civils à la tête de ce pays en proie à la propagation jihadiste et à une profonde crise multidimensionnelle. "Aucun Malien ne vit en paix", a-t-elle dit alors que les autorités assurent régulièrement avoir inversé la tendance contre les jihadistes. "L'insécurité gagne du terrain partout", a-t-elle dit. "Pendant mes lives, les gens réagissent en dénonçant la flambée du prix du riz, du gasoil, de l'huile et du sucre. Vous n'avez pas fait un coup d'État pour ça", a-t-elle insisté à l'adresse des colonels qui gouvernent. "Le temps a donné raison à IBK", a-t-elle ajouté en faisant référence à Ibrahim Boubacar Keïta, le président civil renversé en 2020 par les militaires dans un climat d'exaspération de la population face à l'insécurité, la corruption et les défaillances de l'Etat. Un proche de Rokia Doumbia, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat comme de nombreux interlocuteurs désormais, a affirmé qu'elle avait fait l'objet d'un signalement aux autorités de la part du Collectif pour la défense des militaires (CDM). Les appels de cette organisation, l'un des soutiens les plus offensifs de la junte, sont souvent suivis d'effet. Le CDM, aux liens obscurs avec la junte, avait appelé la justice à se saisir des propos de l'animateur "Ras Bath". kt-mk-sd-lal/blb
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