M. Eltaïef a été arrêté à son domicile dans la banlieue nord de Tunis, a précisé son avocat Nizar Ayed sans être en mesure de fournir d'autres détails dans l'immédiat. La police a arrêté aussi deux opposants: Abdelhamid Jelassi, ex dirigeant au mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président Kais Saied, et l'activiste politique Khayam Turki. M. Eltaïef, 68 ans, était parmi les organisateurs du "coup d'Etat médical" qui a écarté du pouvoir le premier président tunisien Habib Bourguiba pour sénilité en 1987 au profit de Zine el Abidine Ben Ali. Cet homme de l'ombre est vu par de nombreux Tunisiens, notamment les partisans d'Ennahdha, comme l'un des symboles de la corruption depuis le règne de Ben Ali. Lobbyiste avec de solides connexions diplomatiques, M. Eltaïef a fait et défait des carrières dans la police et sur la scène politique. L'homme était l'éminence grise de Ben Ali durant les premières années de son régime. Il est tombé en disgrâce après avoir tenté de le convaincre de ne pas épouser Leïla Trabelsi. Après la chute de Ben Ali en 2011, l'homme d'affaires s'est rapproché de l'opposition et avait conservé ses entrées au ministère de l'Intérieur sous le gouvernement du Premier ministre de l'époque Béji Caïd Essebsi. En 2012, il a été poursuivi pour "complot contre la sûreté de l'Etat" mais aucune charge n'avait été retenue à son encontre et le dossier a été classé en 2014. Samedi soir, sept agents de la police ont fouillé la maison de l'ex dirigeant au mouvement Ennahdha, Abdelhamid Jelassi et ont confisqué son téléphone portable avant de l'arrêter, a indiqué ce parti à l'AFP sans plus de détails. Selon des médias locaux, M. Jelassi est soupçonné "de complot contre la sûreté de l'Etat". Quelques heures avant, l'activiste politique Khayam Turki avait été aussi arrêté, selon son avocat Abdelaziz Essid. "Vers 06H00 du matin, il (Khayam Turki) a été arrêté par des agents de la police qui ont fouillé sa maison avant de l'emmener vers une destination inconnue", a affirmé à l'AFP Me Essid. M. Turki ne faisait l'objet "d'aucune poursuite judiciaire" susceptible de motiver son arrestation, a ajouté l'avocat. Dénonçant son arrestation, Ennahdha a réclamé dans un communiqué la libération "immédiate" de M. Turki. Le Front de Salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, a condamné de son côté "une politique répressive" réclamant également la libération de M. Turki. M. Turki, 58 ans, est issu du parti Ettakatol, petite formation social-démocrate qui s'était alliée au mouvement Ennahdha au sein du cabinet dit de "la troïka" entre 2011 et 2014. Son nom avait circulé comme possible candidat pour être chef du gouvernement après la démission de l'ex-Premier ministre Elyes Fakhfakh en 2020. Depuis le coup de force du président Kais Saied qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, plusieurs hommes politiques font l'objet de poursuites judiciaires dénoncées par l'opposition comme des règlements de comptes politiques. L'opposition accuse M. Saied d'instaurer un régime autoritaire réprimant les libertés et menaçant la démocratie en Tunisie, où la première révolte du Printemps arabe avait renversé en 2011 la dictature de Ben Ali.
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