Ces violences qui frappaient déjà le Mali et le Niger se sont ensuite étendues au Burkina Faso, puis - de manière moins intense - à plusieurs pays du golfe de Guinée.
Au Burkina seul, elles ont fait de 10.000 à plus de 12.000 morts civils et militaires depuis 2015, selon des estimations de l'Observatoire de la démocratie et des droits de l'homme (ODDH), une ONG burkinabè, et Armed conflict location action (Acled) qui répertorie les victimes des conflits à travers le monde.Dont plus de 4.000 pour la seule année 2022.
- Premières attaques et intensification -
Le 4 avril 2015, des hommes armés enlèvent un chef de sécurité roumain d'une mine de manganèse dans le nord: une première dans ce pays jusqu'alors épargné par les enlèvements d'Occidentaux, contrairement au Mali et au Niger voisins.
En 2016, Ouagadougou est pour la première fois frappée par des attaques: le 15 janvier, 30 personnes, dont une quinzaine d'étrangers, sont tuées et 70 blessées lors de raids contre un établissement de luxe fréquenté par des Occidentaux et un restaurant.
L'action est revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).
Deux autres attaques frappent la capitale en août 2017 et en mars 2018, ciblant l'ambassade de France et l'état-major des armées et faisant une cinquantaine de morts.
Au fil des mois et des années, les bilans s'alourdissent, en particulier dans le nord du pays.
La violence jihadiste tue ainsi 74 personnes en décembre 2019 à Arbinda et en janvier 2020 à Silgadji.
En juin 2021 on compte 160 morts à Solhan, la plus meurtrière des attaques commises à ce jour, puis, en novembre, 57 gendarmes meurent à Inata après avoir lancé des appels au secours restés vains.
En 2022, alors que les militaires ont pris le pouvoir, 86 personnes sont tuées à Seytenga en juin et 37 à Gaskindé en septembre, lors de l'attaque d'un convoi de ravitaillement de Djibo (nord) soumise à un blocus jihadiste.
Début 2022, "on avait une moyenne de 20 à 30 attaques par semaine", note le consultant en sécurité burkinabè Mahamoudou Savadogo.Aujourd'hui, on en est à "30 à 40" et "le nombre de régions touchées" a "augmenté", selon lui.
Selon le chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) Jean-Marc Gravellini, les frontières facilitent "la présence de ces réseaux terroristes" au Burkina Faso car elles "leur permettent de se réfugier +de l'autre côté+ du pays".
Il rappelle que certaines zones du Burkina ont des "niveaux de pauvreté importants avec des populations jeunes, désœuvrées, sans avenir.Les terroristes leur proposent une amélioration des conditions de vie au moins à court terme".
- Deux putschs en 8 mois -
Le 24 janvier 2022, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, renverse le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'incapacité à lutter contre les jihadistes.
Huit mois plus tard, le 30 septembre, juste après le massacre de Gaskindé, le colonel Damiba est renversé par le capitaine Ibrahim Traoré et entend reconquérir les quelque 40% du pays contrôlés par les jihadistes.
Mais les attaques ne cessent pas, bien au contraire: depuis le début de l'année, plus de 150 personnes ont été tuées et, pour la première fois, des enlèvements en grand nombre ont été enregistrés.
- Mobilisation anti-jihadiste -
Pour lutter contre les groupes liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, le gouvernement a lancé fin 2022 une campagne de recrutement de supplétifs civils pour aider l'armée, les Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP).Besoins estimés: 50.000.Nombre d'inscrits: 90.000.
Le capitaine Traoré a affirmé être en train d'établir "une base de données en matière de renseignements" et a également proposé de couper les sources de financement des groupes jihadistes (contrebande et autres trafics, racket), dont certains gagnent entre 18 et 35 millions de dollars par an, selon le Centre d'études stratégiques de l'Afrique, dépendant du Pentagone.
Depuis leur arrivée au pouvoir, le capitaine Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats en matière de lutte contre le jihadisme, en particulier avec la Russie.Ils ont demandé mi-janvier le départ des troupes françaises au nom de "la souveraineté".
- Situation humanitaire "catastrophique" -
Le Programme alimentaire mondial (PAM) annonçait fin 2022 que près de 3,5 millions de personnes auraient besoin d'une aide alimentaire d'urgence dans les mois à venir.
La situation est particulièrement critique à Djibo dans la région du Sahel (nord) où la famine menace, selon des ONG locales.Cette ville accueille 14% des quelque deux millions de déplacés à l'intérieur du pays pour fuir les violences depuis 2015.
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