Corruption au Parlement européen: le juge belge accusé de "partialité"

Infos. Le juge belge chargé du dossier de corruption présumée au Parlement européen impliquant le Qatar et le Maroc a été contraint jeudi de se retirer provisoirement en raison d'une demande de récusation émanant d'un suspect qui l'accuse de "partialité", ont indiqué des avocats.

Corruption au Parlement européen: le juge belge accusé de "partialité"

La demande est formulée par l'eurodéputé belge Marc Tarabella, inculpé et écroué samedi dans l'enquête pilotée par le juge d'instruction Michel Claise. Elle a été annoncée jeudi par son avocat Maxim Töller à l'occasion d'une audience à Bruxelles devant une juridiction chargée de statuer sur la prolongation de la détention provisoire. A l'issue de cette audience à huis clos, les juges ont décidé de prolonger la détention de M. Tarabella, selon le parquet fédéral. Même scénario pour l'eurodéputée grecque Eva Kaili qui est incarcérée depuis plus de deux mois dans ce dossier. Les avocats des deux suspects plaidaient leur libération sous conditions. Dès jeudi soir, la défense de M. Tarabella a annoncé faire appel de la décision de la chambre du conseil. L'audience a été retardée de plusieurs heures. Conséquence de la demande de récusation de M. Claise en début de matinée, il a fallu trouver un autre juge d'instruction pour le remplacer à cette étape de la procédure, a-t-on expliqué. "M. Claise ne peut plus être présent" dans ce dossier, a déclaré l'avocat Sven Mary, qui défend Eva Kaili. Le juge Claise a désormais 48 heures pour se défendre et, s'il ne décide pas lui-même de se retirer, la cour d'appel de Bruxelles devra trancher dans un délai de huit jours, a souligné Me Mary. Quatre personnes sont actuellement en détention provisoire en Belgique, soupçonnées d'avoir intercédé en faveur de puissances étrangères dans les décisions du Parlement européen. Il s'agit d'Eva Kaili, de Marc Tarabella --qui nient les faits--, et des Italiens Francesco Giorgi, assistant parlementaire, compagnon de l'élue grecque, et Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé (2004-2019), dont la détention a aussi été prolongée jeudi. Un cinquième suspect, l'eurodéputé italien Andrea Cozzolino a été arrêté puis assigné en résidence le 11 février en Italie, en attendant l'examen du mandat d'arrêt émis à son encontre par la justice belge. M. Panzeri, devenu en 2019 dirigeant d'ONG à Bruxelles, est le "repenti" du dossier et son personnage central. Il a négocié en janvier avec l'accusation une peine de prison limitée à un an, en échange de déclarations précises sur l'organisation du système de corruption (qu'il a admis avoir dirigé) et les personnes impliquées. M. Tarabella accuse M. Panzeri de l'avoir injustement mis en cause. L'avocat de l'eurodéputé belge estime aussi que le juge s'appuie sur des "mouvements de fonds suspects" à son profit qui n'ont jamais été prouvés matériellement. "Aucune des perquisitions (ciblant Marc Tarabella) ne s'est révélée positive", a relevé jeudi Me Töller. "Clairement, ici, la présomption d'innocence est bafouée (...) Le juge laisse clairement entendre son opinion sur la culpabilité de M. Tarabella", a soutenu cet avocat pour justifier sa demande de récusation.

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