Ces nouvelles violences interviennent à quelques jours de l'élection présidentielle du 25 février, dans un pays où les habitants sont déjà en proie à des pénuries fréquentes de carburant et à une insécurité rampante. Ces trois dernières semaines, des émeutes ont éclaté dans plusieurs grandes villes du pays, des habitants en colère vandalisant des agences bancaires et distributeurs automatiques de billets pour protester contre l'absence d'argent liquide. M. Buhari, dans une émission diffusée jeudi, a cherché à limiter les effets de la pénurie en permettant aux anciens billets de 200 nairas de circuler jusqu'au 10 avril. Ce manque d'argent liquide depuis que la Banque centrale du Nigeria (CBN) a commencé à échanger les anciens billets de la monnaie locale contre de nouveaux billets. Vendredi, les commerçants, les marchés, les transporteurs et les stations-service de Lagos ont commencé à rejeter les anciens billets, déclenchant des émeutes dans certaines parties de la capitale commerciale de plus de 20 millions d'habitants. Dans le quartier d'Ojota, près du marché alimentaire très fréquenté du Mile 12, une foule de manifestants s'est rassemblée dès 07H00 et a mis le feu à des pneus usagés pour bloquer la route d'Ikorodu, provoquant des bouchons. La police a été rapidement déployée pour les disperser. "Nous avons déployé nos hommes sur les lieux pour maintenir l'ordre public. Personne n'a été blessé car nous n'avons utilisé que des gaz lacrymogènes pour disperser la foule", a déclaré à l'AFP un haut gradé de la police, ajoutant que les blocages sur les routes avait été dégagés. Bawo Adegbenro, un transporteur, a raconté que les troubles avaient commencé lorsque les chauffeurs de bus commerciaux ont refusé d'accepter les anciens billets de 500 et 1.000 nairas. "De nombreuses personnes étaient bloquées car elles ne pouvaient pas prendre un bus pour se rendre à destination. Cela a conduit aux émeutes d'Ojota que la police a réprimées", a-t-il déclaré à l'AFP. Des manifestations similaires ont éclaté dans les quartiers d'Agege, d'Ikotu, d'Iyana-Iba, d'Ipaja et d'Abule-Egba, des manifestants en colère barricadant les routes et les rues principales avec des pneus en feu, ont témoigné des habitants. Les propriétaires d'entreprises ont été contraints de fermer pour éviter les attaques et le vandalisme. Le gouverneur de l'État de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, membre du parti au pouvoir, l'APC de M. Buhari, a exhorté les habitants de la ville à rester calmes. "Les résidents doivent continuer à respecter la loi en évitant de répondre à toute forme d'incitation des fauteurs de troubles", a-t-il déclaré dans un communiqué. Plusieurs autorités régionales du Nigeria ont engagé une action en justice contre la Banque centrale visant à permettre à la population d'utiliser les anciens et les nouveaux billets jusqu'à ce que les banques aient reçu suffisamment de nouvelles dénominations. Une décision judiciaire est attendue le 22 février. Le parti au pouvoir a justifié ce changement de monnaie par la nécessité de lutter contre les achats de voix avant la présidentielle. Mais cette décision génère des tensions au sein même de l'APC, certains gouverneurs d'État s'en prenant au gouvernement de M. Buhari pour avoir provoqué un chaos qui pourrait nuire aux chances électorales de l'APC. Le candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos, a même accusé des ennemis au sein de la présidence de fomenter la crise pour contrecarrer sa candidature aux élections. Il doit affronter Atiku Abubakar du PDP, principal parti d'opposition, et l'outsider Peter Obi, du Parti travailliste.
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