"La Tunisie n'est pas à vendre" ou "non à la suppression des subventions", ont scandé les manifestants à Sfax, importante métropole économique et bastion historique du syndicalisme tunisien, a constaté un correspondant de l'AFP. Certains ont brandi des baguettes de pain en guise de protestation contre la flambée du coût de la vie. A l'appel de la puissante centrale syndicale UGTT, d'autres manifestations ont eu lieu dans d'autres villes comme Kairouan (centre) Nabeul (nord-est) ou Tozeur (sud). "Le gouvernement a échoué à mettre le pays sur la voie des réformes économiques et sociales. Tout ce qu'il a réussi à faire, c'est attaquer le syndicat", a déploré Othman Jallouli, un dirigeant de l'UGTT dans un discours à Sfax. "Aujourd'hui, tout syndicaliste peut être licencié simplement pour avoir exprimé une opinion", a-t-il déclaré. Venue apporter la "solidarité de la part de 45 millions de travailleurs en Europe", la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, Esther Lynch, s'est également adressée à la foule à Sfax. "Nous disons aux gouvernements: ne touchez pas à nos syndicats, libérez nos dirigeants", a-t-elle déclaré. Les manifestants protestaient notamment contre l'arrestation fin janvier d'Anis Kaabi, responsable pour la branche autoroutes de l'UGTT. M. Kaabi est en détention provisoire dans l'attente d'un procès fixé au 23 février, pour avoir lancé une grève sur les péages et occasionné des pertes financières à la société publique Tunisie Autoroutes. L'UGTT qui s'estime "visé" par le président tunisien Kais Saied , avait annoncé pour les prochaines semaines des sit-in et rassemblements contre la politique du chef de l'Etat, qui devraient culminer lors d'une marche à Tunis le 11 mars. M. Saied concentre tous les pouvoirs depuis 18 mois et a révisé la Constitution pour réduire les prérogatives du Parlement et revenir à un système ultra-présidentialiste similaire à celui d'avant la Révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali. Outre les divisions politiques que ce processus a provoquées, le pays a vu son économie se détériorer avec une forte inflation (plus de 10%), une augmentation de la pauvreté et un creusement de la dette. Motif d'inquiétude supplémentaire pour l'UGTT: des négociations avec le FMI pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, qui pourraient entraîner de douloureuses mesures d'austérité.
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