L'opposant rwandais Rusesabagina ira au Qatar puis aux Etats-Unis

Virulent critique du gouvernement rwandais, Paul Rusesabagina purge depuis l'an dernier une peine de 25 ans de prison pour "terrorisme", une affaire qui a suscité des critiques des Etats-Unis et de défenseurs des droits humains. Les soutiens de l'opposant estiment que son procès a été marqué par des irrégularités. "La procédure pour son transfert au Qatar est en cours", a déclaré le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères Majid al-Ansari. "Il ira ensuite aux Etats-Unis", a-t-il ajouté, au lendemain de départ du président Paul Kagame du Qatar où il avait tenu des discussions. "Le rôle de facilitateur du Qatar reflète la confiance mutuelle et les relations fortes entre l'Etat du Qatar et ses partenaires du Rwanda et des Etats-Unis", a-t-il ajouté. Un porte-parole du gouvernement rwandais avait indiqué plus tôt vendredi que la peine de 25 ans avait été "commuée". Et une source gouvernementale rwandaise a indiqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat que M. Rusesabagina devait être libéré samedi. M. Ansari a indiqué que le Rwanda avait confirmé qu'il serait libéré, mais n'a pas dit quand. En mai 2022, Washington avait estimé que l'opposant, qui dispose d'un statut de résident permanent aux Etats-Unis, était "injustement détenu" par la justice rwandaise. Et sa famille insistait sur son état de santé déclinant. Le 13 mars, le président rwandais Paul Kagame avait indiqué que des "discussions" avaient lieu concernant son emprisonnement qui suscitait des tensions entre Washington et Kigali. M. Rusesabagina vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d'être arrêté à Kigali en août 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu'il pensait à destination du Burundi. Cet homme avait été rendu célèbre par le film "Hôtel Rwanda" qui raconte comment ce Hutu modéré qui dirigeait l'Hôtel des Mille Collines dans la capitale rwandaise a sauvé plus de 1.000 personnes durant le génocide des Tutsi en 1994. Opposant depuis plus de 20 ans à Paul Kagame, qu'il a accusé d'autoritarisme et d'alimenter un sentiment anti-Hutu, Rusesabagina a utilisé sa renommée hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions. Les défenseurs des droits humains accusent le Rwanda -- dirigé d'une main de fer par M. Kagame depuis la fin du génocide de 1994 au cours duquel 800.000 personnes ont été tuées -- de réprimer la liberté d'expression et l'opposition.