Plus de 93 millions d'électeurs du pays le plus peuplé d'Afrique sont appelés aux urnes le 25 février pour élire un successeur au président Muhammadu Buhari qui ne se représente pas après deux mandats marqués par de multiples crises et une insécurité généralisée.
Le vote se déroulera sur fonds d'exaspération sociale liée à de récentes pénuries de billets et d'essence, et son issue reste incertaine car aucun des trois favoris ne se démarque franchement jusque-là.
Pour son ultime meeting de campagne, Bola Tinubu a étalé sa capacité à mobiliser les foules, lui qui a été ovationné dès son entrée à bord d'un bus à impériale dans un stade de Surulere, quartier historique et déshérité de la capitale économique.
Attendu par ses partisans depuis l'aube, M. Tinubu est finalement monté sur scène en milieu d'après-midi au côté du président Muhammadu Buhari et d'un aréopage d'anciens gouverneurs de Lagos.
"Voulez-vous que je devienne président ? Voulez-vous que je gagne ?", a-t-il lancé à la foule qui scandait "APC, APC".
Toute la journée, tandis que des artistes populaires, chanteurs et acteurs, se succédaient sur scène pour galvaniser l'assistance sur les gradins, le public affluait en masse de tout le sud-ouest du Nigeria, peuplé majoritairement de Yoroubas, l'ethnie de Bola Tinubu.
Chaque corporation de métier, des syndicats de transports à ceux du médical, et chaque communauté par quartier et par ville a défilé dans le stade sous d'immenses banderoles au son des vuvuzela déchaînés.
Surnommé "le parrain" pour son influence considérable dans le sud-ouest, Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos (1999-2007) n'a cessé de répéter que son heure est venue et qu'il est le seul à même de pouvoir redresser le Nigeria.
Les grands moyens ont été déployés mardi : des ballons géants flottaient dans les airs, et sur terre, tous arboraient les couleurs de leur parti sur leur tee-shirt, agitaient drapeaux et casquettes en se déhanchant sur des chansons à la gloire de Tinubu, malgré de longues heures d'attente sous la chaleur et l'humidité écrasantes.
- "Robin des Bois" -
"Je vais voter pour lui, il est vraiment comme un père pour nous.C'est le meilleur", clame dans la foule Motunrayo Amuda, une cuisinière de 29 ans.
La femme, qui danse et porte un pagne aux couleurs de l'APC (bleu, vert et rouge), explique que le parti au pouvoir a promis 5.000 nairas (10 euros) et de la nourriture aux partisans faisant le déplacement.
"Je vais être honnête, Tinubu est corrompu mais il prend l'argent des riches et le donne aux pauvres alors que les autres le gardent pour eux", assure Mohammed, un militant de 47 ans."C'est une sorte de Robin des Bois".
Richissime homme d'affaires, Bola Tinubu a gravi tous les échelons politiques malgré diverses accusations de corruption, sans jamais être condamné.
Peu importe, Tinubu "est l'homme de la situation", assure Shittu Surajudeen, chef d'une entreprise de communication privée, en évoquant son bilan à Lagos où "il a vraiment amélioré la santé, l'éducation, les infrastructures, la sécurité"."C'est le seul qui peut le faire", poursuit l'homme de 60 ans.
Il y a quelques mois encore, l'influence de Tinubu le désignait comme le favori de l'élection.Mais ces dernières semaines ont rebattu les cartes, notamment en raison de vastes pénuries d'essence et de billets qui empoisonnent la vie des Nigérians et fait grandir la colère contre le parti au pouvoir.
Beaucoup ne peuvent oublier les huit années de l'APC au pouvoir, marquées par une grave crise économique avec une inflation qui frôle désormais les 22% et les violences de groupes jihadistes, criminels et séparatistes.
Les deux autres favoris à la présidentielle sont Atiku Abubakar, candidat de l'opposition (PDP) et ancien vice-président de 76 ans, et l'outsider Peter Obi, 61 ans, ultrapopulaire chez la jeunesse urbaine.
Tout comme M. Tinubu, Atiku Abubakar fait partie de l'establishment vieillissant du Nigeria mais est originaire du nord-est.Les deux hommes sont septuagénaires, richissimes et accusés de corruption mais gardent une influence considérable.
"Seulement" sexagénaire, l'outsider Peter Obi se présente quant à lui comme le candidat du changement.Réputé pour son intégrité lorsqu'il était gouverneur de l'Etat d'Anambra (sud-est), il incarne aussi l'espoir dans sa région natale secouée par une agitation séparatiste héritée de la guerre du Biafra.
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