Il s'agit de la deuxième journée de rassemblement en une semaine contre le président William Ruto à l'appel de M. Odinga, son rival malheureux à la présidentielle d'août dernier, qui continue d'affirmer qu'elle lui a été "volée" et que le gouvernement actuel est "illégitime".
A Kisumu, bastion de l'opposition, "une personne a été tuée par balle", a affirmé George Rae, directeur de l'hôpital Jaramogi Oginga Odinga, précisant qu'il s'agit d'un "jeune homme".
La semaine dernière, déjà, lors de la première journée de mobilisation, un manifestant avait été tué par la police à Maseno, dans la même région.
Plus tôt dans la journée lundi, le convoi de Raila Odinga, vétéran de l'opposition de 78 ans, a été visé par des tirs de gaz lacrymogènes et de canons à eau par la police dans le quartier populaire de Kawangware, dans la capitale Nairobi.
"Nous demandons la baisse du coût de la vie, la baisse du prix de la farine de maïs, la baisse du prix de l'essence, la baisse du prix du sucre et des frais de scolarité", a déclaré par la suite M. Odinga devant des centaines de ses partisans.
A Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, des protestataires ont mis le feu à des pneus et lancé des pierres sur les forces de l'ordre."Nous n'avons pas de farine de maïs !", un aliment de base dans le pays, ont scandé les manifestants face à la police.
Des journalistes ont été attaqués par des gangs, et certains véhicules de presse atteint par des gaz lacrymogènes tirés par la police.Ces attaques "ne peuvent être tolérées" et "menacent la démocratie", a dénoncé le Media council of Kenya, un syndicat de journalistes.
- Ferme envahie -
Selon des médias locaux, une vaste ferme de l'ancien président Uhuru Kenyatta dans la périphérie de Nairobi a été envahie par des pilleurs.Des vidéos montrent des centaines de personnes coupant des arbres, volant du bétail, et mettant le feu à une parcelle.
"Ce sont des lâches, ils ont envoyé des voyous pour attaquer la ferme de Uhuru Kenyatta", a déclaré Raila Odinga, affirmant également que l'une de ses entreprises avait été pillée."Nous condamnons ces actes", a-t-il poursuivi en accusant le gouvernement.
La situation est en revanche restée calme dans le reste de la capitale, notamment dans les quartiers où des affrontements avaient eu lieu la semaine dernière, et où un important dispositif policier a été mis en place pour cette journée à risque.
Des escadrons antiémeute occupent les points stratégiques de Nairobi et patrouillent dans ses rues, où de nombreux commerces sont restés fermés.
Raila Odinga a maintenu dimanche son appel à manifester contre les effets de l'inflation tous les lundis et jeudis, peu après l'interdiction édictée par le chef de la police Japhet Koome de se rassembler ce lundi.
M. Koome avait prévenu que les forces de l'ordre ne permettraient pas que "des hooligans viennent en ville pour piller et détruire les biens et les entreprises des gens".
A Kisumu, les forces de l'ordre ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes quelque 200 émeutiers.
M. Odinga avait appelé dimanche à faire de la mobilisation de lundi une démonstration de force, la "mère de toutes les manifestations", et accusé le vice-président Rigathi Gachagua d'avoir fait en sorte de semer la "pagaille".
- Ruto en Europe -
Lundi dernier, lors de la précédente mobilisation marquée par des heurts entre manifestants et forces de l'ordre, quelque 31 policiers avaient été blessés, et plus de 200 personnes avaient été arrêtées, dont plusieurs hauts responsables de l'opposition, et le convoi de M. Odinga avait déjà été visé par des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
Le président William Ruto, actuellement en voyage en Europe, avait appelé jeudi le chef de l'opposition à mettre fin aux protestations.
Face aux prix élevés des produits de base, de nombreux Kényans ont des difficultés à se nourrir.L'inflation a atteint 9,2% en février, selon le gouvernement, et la sécheresse record qui sévit dans la région prive des millions de personnes de ressources et de nourriture.
L'organisme de régulation de l'énergie du Kenya a annoncé une augmentation des prix de l'électricité à partir d'avril, alors que M. Ruto avait dit en janvier qu'il n'y en aurait pas.
Pendant la campagne électorale, il s'était affiché comme le champion des opprimés et avait promis d'améliorer le sort des Kényans ordinaires.Mais il a depuis supprimé les subventions pour le carburant et la farine de maïs, dont les prix ont augmenté dans la foulée.
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