Les défenseurs des droits humains dénoncent de longue date l'usage excessif de la force par les gendarmes et les policiers et l'impunité dont ils jouissent selon eux dans un pays coutumier des violences politiques. Des dizaines de personnes ont été tuées ces dernières années lors de journées de protestation. La junte qui a pris le pouvoir par la force en 2021 a promis de rompre avec le passé. Lundi, l'adjudant-chef Moriba Camara a été l'un des tout premiers à être condamnés en vertu de cet engagement. Il était jugé pour la mort de Thierno Mamadou Diallo, 19 ans, atteint d'une balle dans la tête le 1er juin 2022 dans le quartier de Hamdallaye, dans la banlieue de Conakry, où des jeunes manifestaient contre la hausse du prix du carburant. Il était étranger aux protestations, selon ses proches. Thierno Mamadou Diallo avait été l'un des tout premiers tués dans ce genre de circonstances depuis l'accession des militaires à la tête de la Guinée. Le renversement du président Alpha Condé en 2021 avait mis fin à deux années d'agitation et de répression où des dizaines de civils avaient trouvé la mort. L'adjudant-chef Moriba Camara avait été inculpé et écroué pour meurtre présumé quelques jours après les faits. Au cours de son procès, il a dit avoir tiré en l'air pour disperser les manifestants, a rapporté la presse. La partie civile a de son côté réclamé que le procès serve "d'exemple". Le parquet a requis 25 ans de réclusion criminelle. La soeur de la victime, Mariama Diallo, n'a pas caché sa déception à l'issue du procès: "Cet agent-là, tu vas le retrouver dans quelques mois ou années dans la rue. C'est vrai que ce verdict est dissuasif, mais en réalité, c'est la famille qui a perdu", a-t-elle déclaré. Les tensions ont repris depuis en Guinée. La junte a interdit toute manifestation jusqu'à la fin de la période censée précéder des élections et le retour des civils à la tête du pays. L'opposition dénonce un exercice solitaire et autoritaire du pouvoir par la junte et l'instrumentalisation de la justice contre ses leaders. Le Front national de défense de la Constitution, un collectif qui réclame le retour rapide des civils au pouvoir, dit avoir dénombré 18 morts depuis mai 2022.
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