Le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MBDHP) "a appris avec consternation l'enlèvement et l'enrôlement forcé de Boukaré Ouédraogo, président du mouvement de +l'Appel de Kaya+, comme VDP. (Volontaire pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l'armée)", survenu le 22 mars, écrit l'organisation dans un communiqué transmis mercredi à l'AFP. Une autre organisation, le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), a confirmé l'enlèvement et l'enrôlement, dans un communiqué séparé. Selon le MBDHP, M. Ouedraogo se serait rendu mercredi dernier "à la résidence du gouverneur du Centre-nord pour rencontrer le président de transition Ibrahim Traoré", en visite à Kaya, le chef-lieu de la région, explique le MBDHP, citant des témoins. Pour le CISC, l'arrestation de Boukaré Ouédraogo est liée à une conférence de presse quelques jours plus tôt où il avait interpellé le président Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch fin septembre, sur la situation sécuritaire dans la région. Les deux organisations ont dénoncé une "arrestation arbitraire" et appelé à la libération immédiate de M. Ouedraogo tout en déplorant la "tendance actuelle à la négation récurrente et systématique des libertés d'opinion et d'expression de citoyens". Samedi, lors d'une rencontre avec des ressortissants de Kaya, le capitaine Ibrahim Traoré a reconnu avoir ordonné l'enrôlement d'un citoyen - sans le nommer -, l'accusant d'avoir divulgué des informations qui ont engendré l'attaque d'un "point névralgique" près de la ville qui avait fait au moins quatorze morts dont quatre soldats. "Par leur (sa) faute, des hommes sont tombés. Nous lui avons fait comprendre et nous l'avons engagé immédiatement pour être VDP. Et il en sera ainsi de tous ceux qui ne sont pas capables de défendre la patrie", avait-il lancé sous les acclamations de l'auditoire. Selon d'autres organisations de la société civile, samedi, deux de leurs représentants ont également été interpellés et enrôlés comme VDP, après avoir critiqué la gestion de la transition lors d'une conférence de presse. Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, qui ont fait au total 10.000 morts - civils et militaires - selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
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