La capitale économique du Burkina Faso, Bobo Dioulasso (sud-ouest), était livrée jeudi soir à des militaires en colère malgré l'instauration d'un couvre-feu, alors que 15 personnes ont été blessées par balles, ont rapporté des habitants.
"C'est comme s'il n'y avait pas de couvre-feu, les tirs (en l'air de militaires) ne se sont pas arrêtés.On entend des tirs partout, ils sont dans la ville partout", a indiqué à l'AFP un résident.
Face au mouvement de protestation - tirs accompagnés de pillages - qui a commencé mardi soir, le gouverneur de la région avait annoncé dans un communiqué "l'instauration d'un couvre-feu de 18H00 (locales et GMT) à 06H00" dans toute la ville "jusqu'à nouvel ordre".
"Tout le monde est rentré chez soi, sauf les militaires", a souligné un autre habitant."Ils ont récupéré des voitures", a-t-il ajouté, disant avoir vu "un car de l'université" rempli d'hommes en uniforme.
L'antenne locale de la radio-télévision publique et son centre émetteur "ont été fermés parce qu'un groupe de militaires est venu pour tenter d'y passer un message", a par ailleurs affirmé un journaliste.
Les protestataires avaient auparavant bloqué la voie menant à la radio-télévision, comme ils ont bloqué une bonne partie des rues conduisant à leur camp, selon des habitants.
"La ville est déserte, tout est fermé", a décrit un résident.Un hôtelier a raconté que son hôtel était "pratiquement vide" après le départ précipité de la plupart de ses clients, apeurés.
Dans la journée, exaspérés par les pillages de leurs boutiques, des commerçants s'en étaient pris à la mairie, y cassant des vitres et du matériel et incendiant trois véhicules, dont celui du maire, selon plusieurs témoins.Le bureau de la douane a aussi été saccagé, de même que la direction régionale du commerce.
Les services médicaux ont reçu depuis mercredi soir 15 personnes blessées par des balles perdues, a-t-on appris de source médicale.Une femme enceinte a été touchée au poignet, selon la même source.
Les militaires en colère "réclament des indemnités de logement et de formation" pour les éléments du Citap (Centre d'instruction des troupes aéroportées), a expliqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Alain-Edouard Traoré.
"Les jusqu'au-boutistes ont pris les choses en main, ce qui fait que l'état-major ne sait plus avec qui discuter", a-t-il poursuivi.
Les autorités "sont en train de réfléchir sur la conduite à tenir, mais il nous faut assurer la sécurité", a insisté M. Traoré, sans préciser les moyens qui pourraient être mis en oeuvre.
La grogne des militaires, qui a débuté en mars, persiste malgré les nombreux avantages financiers accordés ces dernières semaines à l'armée, confrontant le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, à une crise sans précédent.
Mercredi soir, le gouvernement a appelé les militaires à la "retenue" et au "dialogue" et dit envisager "des mesures en vue du rétablissement de l'autorité de l'Etat".
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