"Ce verdict est incompréhensible, injuste et choquant. Nous sommes ici pour porter la voix de cette enfant. Il faut que ça cesse !", a déclaré à l'AFP Maria Tahir, venue protester à l'appel du "Printemps de la Dignité", un collectif d'associations féministes, devant un tribunal de Rabat. Le procès en appel de cette affaire médiatisée doit s'ouvrir jeudi dans la capitale marocaine mais il sera très probablement reporté à la demande de l'avocat de la partie civile. La chambre criminelle de la cour d'appel de Rabat a condamné, le 20 mars en première instance, trois prévenus poursuivis pour "détournement de mineure" et "attentat à la pudeur sur mineure avec violence". L'un des accusés a été condamné à deux ans de prison ferme, les deux autres à 18 mois ferme. "Non aux viols des fillettes", ont scandé une soixantaine de protestataires, en majorité des femmes, qui ont fustigé "la honte de l'enfance violée". Selon des ONG marocaines de défense des droits des femmes, la mineure, âgée de 11 ans au moment des faits et qui a aujourd'hui 12 ans, a "subi des viols à répétition sous la menace", ce qui a entraîné une grossesse. "Il est temps de rendre justice à cette fillette et à son enfant. Ce type d'affaires ne doit en aucun cas être jugé avec laxisme", a estimé Amina Khalid, secrétaire générale de l'association Insaf (Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse). - Le ministre de la Justice "choqué" - L'affaire a profondément scandalisé l'opinion publique marocaine et une pétition condamnant la sentence avait recueilli mercredi plus de 31.000 signatures. L'émoi a grandi avec la publication du prononcé du jugement dans lequel il apparaît que les accusés ont bénéficié de circonstances atténuantes car en principe "la peine prévue légalement est dure au regard des faits incriminés", selon le site d'information Medias24. Les trois hommes âgés de 25, 32 et 37 ans, condamnés également à verser des dommages-intérêts d'un montant total de 50.000 dirhams (4.500 euros), encouraient entre 10 et 20 ans de prison, selon le code pénal marocain. L'affaire a donné lieu à une passe d'armes entre le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi et le Club des magistrats du Maroc. M. Ouahbi s'est dit "choqué" par ce jugement, affirmant qu'il "nous interroge tous, en tant que responsables et acteurs de la société civile, sur les efforts nécessaires qui doivent être renforcés sur les plans législatif, intellectuel, éducatif, pour protéger notre enfance du viol", selon des propos cités par les médias. De son côté, l'association professionnelle des magistrats marocains a jugé que les commentaires du ministre, "évaluant une décision judiciaire rendue en première instance dans une affaire encore en cours devant la juridiction d'appel, constitue une atteinte grave à l'indépendance de la magistrature". Au Maroc, ONG et médias tirent fréquemment la sonnette d'alarme sur les cas de violences sexuelles contre les mineurs et appellent à des sanctions plus sévères.
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