"Au vu de ce qui a précédé, nous abandonnons nos manifestations pour lundi, c'est-à-dire demain", a déclaré à la presse le vétéran de l'opposition kényane, se réservant la possibilité de lancer de nouveaux appels à manifester faute de résultats d'ici à une semaine.
"En faisant cela, nous voulons souligner que les droits de se rassembler, de manifester, protester et s'exprimer sont imprescriptibles comme le prévoit notre Constitution", a ajouté M. Odinga, qui dirige la coalition Azimio la Umoja (Quête d'unité).
M. Odinga a organisé depuis le 20 mars des manifestations bi-hebdomadaires, le lundi et le jeudi, accusant le président William Ruto d'avoir "volé" la présidentielle d'août mais aussi d'être incapable de juguler la flambée des prix.Ces rassemblements ont été interdits par la police.
De nombreux Kényans luttent pour se nourrir au quotidien, confrontés à l'inflation (9,2% sur un an en février, avec 13,3% pour les seuls prix alimentaires), la dépréciation du shilling kényan et une sécheresse inédite dans certaines parties de leur pays.
L'annonce de M. Odinga survient après un appel au calme lancé plus tôt dans la soirée de dimanche par le chef de l'Etat.
De State House, le palais présidentiel, M. Ruto a exhorté l'opposition à annuler la manifestation prévue pour lundi -la quatrième depuis le 20 mars- et à préférer le Parlement à la rue en participant à une commission parlementaire bipartite.
"Je demande à mon frère Raila Odinga, et à l'opposition, d'annuler les manifestations et de donner à cette approche bipartite une chance de nous permettre de faire avancer le pays", a-t-il dit, exhortant ses compatriotes à rester pacifiques et à respecter la loi.
- "Rameau d'olivier" -
Selon le président kényan, une commission parlementaire bipartite pourrait explorer les possibilités de réviser le code électoral.Il a toutefois exclu toute alliance avec son rival.
M. Odinga a salué "le rameau d'olivier" présenté par M. Ruto, mais averti que les manifestations pourraient reprendre s'il n'y avait aucun progrès."Nous nous réservons le droit d'appeler à des manifestations si ce processus ne porte aucun fruit" et de les reprendre "au bout d'une semaine", a-t-il déclaré.
Trois personnes dont un policier sont mortes pendant les manifestations, également marquées par des pillages et du vandalisme.
Selon le Media Council of Kenya, qui défend les droits de la presse dans ce pays d'Afrique de l'Est, "25 cas d'agressions contre des journalistes locaux et étrangers" travaillant pour des "acteurs étatiques et non étatiques" ont été recensés depuis le début des manifestations.
La communauté internationale et les chefs religieux ont appelé au calme, craignant que la situation ne dégénère en violences ethniques telles que celles observées après les élections de 2007-2008 qui avaient fait plus de 1.100 morts.
M. Odinga, qui concourait pour la cinquième fois en vue d'occuper les plus hautes fonctions, conteste toujours les résultats de la présidentielle du 9 août 2022, malgré le rejet de son recours par la Cour suprême.
Selon les chiffres officiels, M. Odinga a perdu face à M. Ruto d'environ 233.000 voix, l'un des écarts les plus serrés de l'histoire du Kenya, et alors qu'il était soutenu dans ce scrutin par le président sortant Uhuru Kenyatta.
Les manifestations dans ce pays ont poussé fin mars l'Union africaine à appeler "au calme et à entamer un dialogue", à l'instar du Royaume-Uni et d'autres pays.Les Etats-Unis ont dit vendredi être "profondément préoccupés".
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