La peine de mort avait été requise par le ministère public mais n'a pas été retenue par le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa-Gombe, qui a rendu sa décision en audience publique.
La défense, qui avait plaidé l'acquittement, a immédiatement annoncé à l'AFP qu'elle allait faire appel.Un autre procès devrait donc avoir lieu devant une cour militaire.
Le verdict a été lu en présence de cinq accusés - André Murwanashaka Mushahara, Issa Seba Nyani, Antoine Bahati Kiboko, Amidu Sembinja Babu alias Samuel Ombeni et Prince Marco Shimiyimana - le sixième étant en fuite.
Ils étaient jugés depuis le 12 octobre, à raison d'une audience par semaine, dans l'enceinte de la prison militaire de Ndolo, où ils avaient été amenés après leur arrestation en janvier 2022 dans l'est du pays.
Présentés comme membres d'une bande de criminels de droit commun, coupeurs de route et kidnappeurs, ils ont été reconnus coupables du meurtre de l'ambassadeur d'Italie en RDC, Luca Attanasio, de son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, et d'un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial(PAM), Mustapha Milambo, le 22 février 2021.
Ce jour-là, un convoi de deux véhicules du PAM, parti de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, tombe dans une embuscade à une vingtaine de km de la ville, aux abords du parc national des Virunga.
Réputé pour ses gorilles, le parc est aussi connu pour être un repaire de groupes armés, dans cette région en proie aux violences depuis près de 30 ans.
Selon le récit qui a été fait à l'audience, le convoi est coupé en deux.Le véhicule dans lequel se trouve l'ambassadeur est immobilisé, les assaillants tirent sur le chauffeur, dont le corps est abandonné au bord de la route.Les autres occupants du véhicule sont pris en otage et conduits en brousse.
- "Privation de liberté" -
Alertés, les gardes du parc se lancent à leur poursuite, de violents échanges de tirs s'en suivent.Le garde du corps de l'ambassadeur est tué sur le coup, le diplomate, grièvement blessé, décèdera après avoir été transporté dans un hôpital de Goma.
Le soir même, les autorités de RDC accusaient un groupe de rebelles hutu rwandais, les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), d'être responsable de cette attaque "terroriste", ce que ces rebelles avaient nié.
Mais déjà, d'autres sources évoquaient plutôt une tentative d'enlèvement, avec demande de rançon à la clé, qui aurait mal tourné.
Cette version a prévalu quand, près d'un an plus tard, la police congolaise annonçait l'arrestation de malfaiteurs, dont ceux ayant attaqué le convoi de l'ambassadeur.
Les procès verbaux établis durant les interrogatoires de police sont sans équivoque.Mais lors du procès, les accusés ont tout nié en bloc et affirmé que leurs aveux avaient été arrachés sous la torture.
Ils ont répété qu'ils n'avaient rien à voir dans la mort de l'ambassadeur et le procès n'a pas permis d'apporter d'éléments nouveaux sur les circonstances, les auteurs et d'éventuels commanditaires de l'embuscade.
Aucun témoin ni expert n'a par ailleurs été appelé à la barre, ce qu'a déploré la défense, qui aurait notamment voulu entendre les gardes du parc ou encore un survivant de ce drame, un autre employé du PAM.
Dans ses plaidoiries, elle a estimé que le parquet n'avait prouvé "ni la participation criminelle (association des malfaiteurs), ni la détention illégale d'armes et munitions de guerre".
Partie civile au procès, la République d'Italie, hostile à la peine de mort, avait quant à elle demandé que les accusés soient "condamnés à une peine de privation de liberté".
La peine capitale est encore souvent requise et prononcée en RDC dans des affaires de sécurité nationale, mais elle n'est plus appliquée depuis 20 ans et est systématiquement commuée en prison à perpétuité.
Le tribunal a par ailleurs accordé à la République d'Italie l'équivalent en francs congolais de deux millions de dollars au titre des dommages et intérêts.
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