La contestation par les Lébous d'un projet de construction d'une gendarmerie dans le quartier de Ngor s'est durcie ces jours derniers et a causé de violentes confrontations qui ont culminé mardi entre une partie de la population et les gendarmes. Selon des images diffusées mercredi par la présidence, Macky Sall a réuni tard mardi soir les représentants de Ngor et des Lébous. Il a décidé de partager "à parts égales" le terrain entre gendarmerie et population et a annoncé la construction d'un lycée, a-t-elle dit. Les images circulant sur les réseaux sociaux avaient montré au préalable des groupes de jeunes affrontant à l'aide de pierres et d'engins incendiaires un important dispositif de forces de l'ordre ripostant à l'aide de gaz lacrymogènes. Des témoins ont décrit un quartier bouclé par les gendarmes et devenu presque inaccessible. Mamadou Ndiaye, président du mouvement "Ngor Debout", cité dans la presse, a fait état de la mort de deux personnes dans les heurts, dont une jeune fille, et de nombreux blessés. Aucun bilan humain n'a été communiqué officiellement. La gendarmerie n'a pas répondu à l'AFP. Le ministère de l'Intérieur a rapporté mercredi dans un communiqué la découverte du corps d'une adolescente d'environ 15 ans sur la plage de Ngor mais indiqué qu'elle avait "probablement" été tuée par l'hélice d'une embarcation. Les Lébous sont un groupe s'adonnant traditionnellement à la pêche surtout et vivant dans la presqu'île de Dakar et sur la côte ouest du Sénégal. Ils s'opposent depuis des semaines à l'érection du poste de gendarmerie sur une parcelle de plus de 6.000 mètres carrés dont ils disent être propriétaires. Ils dénoncent l'absence d'infrastructures à usage de la population dans un quartier très populaire. Ils s'érigent régulièrement contre l'accaparement de leurs terres ancestrales dans une ville en pleine expansion soumise à une importante pression foncière et immobilière. Le gouvernement avait affirmé de son côté avoir acheté la parcelle à son propriétaire. Sans y être liée, la poussée de fièvre à Ngor a coïncidé avec des tensions causées par la possible mise à l'écart de l'opposant Ousmane Sonko de la course à la présidence en 2024. La menace d'inéligibilité pesant sur lui fait craindre une réaction violente de ses supporteurs. Sur les réseaux sociaux mardi soir, M. Sonko a érigé le quartier en symbole de résistance face à un "régime arbitraire et délibérément violent". Il a appelé les quartiers périphériques à se solidariser. Le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana a indiqué avoir vu dans ces propos la confirmation que M. Sonko "est capable de marcher sur des cadavres pour arriver à ses fins".
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