"L'ennemi ADF (Allied Democratic Forces) a tendu une embuscade à des cultivateurs, vendredi aux alentours de 16H00 (14H00 GMT) près du village d'Enebula", a déclaré par téléphone Patrick Mukohe, vice-président de la société civile locale. Il déclare avoir compté lui-même 21 corps d'hommes et de femmes sur le lieu du massacre, situé à une trentaine de km à l'ouest de la ville d'Oicha. "Je viens de réceptionner 19 corps, tous tués par machette" déclare Jules Kambale, embaumeur à la morgue de l'hôpital d'Oicha, contacté par l'AFP. L'administrateur militaire du territoire de Beni, le colonel Charles Ehuta Omeanga, confirme cette attaque qu'il attribue "aux terroristes ADF" mais se réserve sur le bilan des victimes "en attendant que (ses) éléments rentrent du terrain." Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux - et authentifiée par Patrick Mukohe -, une foule entoure le corps d'un homme ligoté à un cadre en bois, la gorge tranchée. Des hommes filment son cadavre, déposé sur une bâche au pied d'un camion-benne où sont entassés d'autres corps, enveloppés dans des sacs mortuaires maculés de sang. Au moment de l'arrivée des cadavres à la morgue d'Oicha, des jeunes ont tenté de barrer la route nationale toute proche en signe de protestation. Ils ont été rapidement dispersés par la police "qui est venue crépiter des balles pour libérer la route", précise le vice-président de la société civile. "La situation chez nous est catastrophique", conclut-il. Jeudi, l'ONU indiquait qu'au moins trente personnes avaient été tuées par les ADF les 2 et 3 avril dans la province de l'Ituri, et plus d'une soixantaine de morts ont été attribués aux ADF pour le seul mois de mars dans la province du Nord-Kivu. Les ADF sont à l'origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans qui ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans l'Est de la RDC, où ils sont accusés d'avoir massacré des milliers de civils. Ils ont fait allégeance en 2019 au groupe Etat islamique, qui les présente comme sa branche en Afrique centrale. Les Etats-Unis ont annoncé début mars offrir une récompense pouvant aller jusqu'à cinq millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d'une quarantaine d'années nommé Musa Baluku.
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