Mali: un professionnel de la presse critique l'Etat après la disparition d'un journaliste

Infos. Le président d'une organisation défendant les intérêts de la presse au Mali a mis en cause mardi la capacité de la junte à assurer la sécurité des populations, après la disparition mystérieuse d'un journaliste pendant quelques jours.

Mali: un professionnel de la presse critique l'Etat après la disparition d'un journaliste

Aliou Touré, directeur de publication du journal Le Démocrate, a disparu jeudi dernier à Bamako après avoir co-animé une conférence de presse pour réclamer la libération de son confrère Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath, animateur de radio connu. M. Touré est réapparu lundi soir, "sain et sauf" selon la cellule de crise formée par un collectif qui s'est mobilisé en sa faveur. M. Touré est apparu mardi lors d'une conférence de la presse, mais le mystère est demeuré entier sur sa disparition. Il s'est contenté de remercier ceux qui s'étaient mobilisés pour lui. Le président de la Maison de la presse malienne, Bandiougou Danté, a indiqué que M. Touré avait été "enlevé - le mot n'est pas fort - par des hommes armés et cagoulés", qui l'ont emmené dans un véhicule vers "un endroit jusque-là inconnu". M. Danté a dit qu'on ne savait rien sur ceux qui l'ont enlevé, "qu'ils soient des groupes officiels ou officieux". "Les auteurs doivent être recherchés, reconnus, et qu'ils répondent de leurs actes", a-t-il réclamé. Mais "quel que soit l'auteur de cette pratique, un doigt accusateur sera porté sur l'Etat qui a la responsabilité de nous protéger", a-t-il dit. Le sort de M. Touré témoigne "de l'échec d'une transition qui doit nous sécuriser". Aliou Touré a remplacé Ras Bath au micro de l'émission que celui-ci animait sur la radio Renouveau FM. Ras Bath a été inculpé et écroué le 13 mars après avoir déclaré que l'ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, mort en détention il y a un an sous la junte, avait été "assassiné". Les voix discordantes peinent désormais à se faire entendre au Mali. L'ONG Reporters sans frontières écrivait dans un rapport publié la semaine dernière que l'exercice de la profession de journaliste ne cessait de devenir plus difficile au Sahel, entre la violence des jihadistes et des groupes armés d'une part, et les pressions exercées d'autre part par les autorités et les régimes militaires.

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