Les émissaires du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, et du Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), ont signé dans la nuit de jeudi à vendredi à Jeddah, en Arabie saoudite une "déclaration pour la protection des civils au Soudan".
Ce document négocié sous médiation saoudo-américaine prévoit la création de "passages sécurisés" pour permettre aux civils de quitter les zones d'affrontements ainsi que la facilitation de l'acheminement de l'aide humanitaire.
Il ne mentionne en revanche pas de trêve, mais seulement de futures tractations pour un cessez-le-feu temporaire, et encore ultérieurement des "discussions élargies pour un arrêt permanent des hostilités" qui ont fait en quatre semaines quelque 750 morts, 5.000 blessés, ainsi que plus de 900.000 déplacés et réfugiés.
Les pourparlers sur l'application de cet accord doivent reprendre cette fin de semaine à Jeddah, a affirmé à l'AFP un haut responsable de la diplomatie saoudienne sous le couvert de l'anonymat.Il a qualifié cette déclaration de "pas important", reconnaissant néanmoins que le processus en était encore à un "stade préliminaire".
Près d'Omdourman, ville de la banlieue de Khartoum, des témoins ont fait état de frappes aériennes visant des groupes des FSR.D'autres ont signalé des affrontements au nord de cette ville dont le fracas faisait trembler les maisons.
- Invitation au sommet arabe -
Depuis quatre semaines, des millions de Soudanais, principalement à Khartoum, sont barricadés chez eux, survivant à une chaleur étouffante pratiquement sans eau courante ni électricité.Partout se font sentir des pénuries de nourriture, d'argent, de médicaments et de carburant.
Hors de la capitale, la situation est particulièrement critique au Darfour, dans l'ouest frontalier du Tchad, ravagé dans les années 2000 par une répression sanglante.Selon l'ONU, 450 personnes y ont été tuées dans la ville d'El-Geneina dans les récents combats auxquels participent, outre militaires et paramilitaires, des civils armés et des combattants tribaux ou de groupes armés locaux.
Le gouvernement soudanais en a appelé samedi à la communauté internationale, citant notamment l'ONU, l'Union africaine (UA), la Ligue arabe et les organisations régionales dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères pour fournir une aide face à la "situation humanitaire catastrophique".
Il précise que le port et l'aéroport de Port-Soudan, sur la mer Rouge (est), l'aéroport de Dongola (nord) et celui de Wadi Sidna (est) seront destinés à recevoir cette aide.
Le haut responsable de la diplomatie saoudienne a indiqué à l'AFP que le général Burhane avait été invité au sommet de la Ligue arabe prévu le 19 mai à Jeddah, sans pouvoir préciser qui représenterait le Soudan à cette réunion.
Bien que les belligérants s'accusent par communiqués interposés de violer les engagements de la "déclaration de Jeddah", ce responsable a assuré que les deux parties avaient fait preuve "d'un bon esprit" lors des négociations.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a déclaré vendredi soir "espérer que cette déclaration garantira que l'opération de secours puisse se déployer rapidement et en sécurité pour répondre aux besoins de millions de personnes au Soudan".
Il a "réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et à des discussions élargies pour parvenir à un arrêt permanent des hostilités".
"Nous entendons sans cesse dire qu'il y aura une trêve dans les sept prochains jours", déclare à l'AFP à la frontière égypto-soudanaise Wahag Gafar, qui a quitté son pays pour se réfugier en Egypte."Mais quand on sort dans la rue, il y a des balles partout".
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