Afrique du Sud: l'évadé qui avait simulé sa mort a été remis en prison

Infos. Un meurtrier évadé après avoir fait croire à sa propre mort, en laissant dans sa cellule un cadavre calciné, est retourné en prison jeudi.Mais les zones d'ombre restent nombreuses dans cette embarrassante affaire qui tient en haleine l'Afrique du Sud depuis plusieurs semaines.

Afrique du Sud: l'évadé qui avait simulé sa mort a été remis en prison
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Johannesburg (AFP)

Le fait divers rocambolesque et macabre évoque douloureusement un concentré de maux sud-africains --criminalité affolante, enquête bâclée et police impuissante -- et interroge sur l'impressionnante série de défaillances et compromissions qui ont permis l'évasion. 

Thabo Bester, surnommé "le violeur Facebook" pour avoir attiré la plupart de ses victimes via ce réseau social en se faisant passer pour un recruteur de mannequins, avait été condamné en 2012 à la prison à vie pour meurtre et viol. 

En mai 2022, le cadavre carbonisé d'un homme est trouvé dans sa cellule d'une prison privée de Bloemfontein (centre), gérée par une société britannique, laissant penser dans un premier temps aux autorités pénitentiaires que Thabo Bester s'est immolé par le feu. 

Mais le détenu trentenaire s'était fait la malle.Fin mars, soit près d'un an après cette évasion, la police révèle que des tests ADN montrent que la dépouille retrouvée dans sa cellule n'est pas la sienne.

Samedi, le gouvernement sud-africain a annoncé que le criminel en fuite avait été interpellé la nuit précédente à l'est d'Arusha, en Tanzanie, près de la frontière kényane, alors qu'il tente de quitter le pays, en compagnie d'une femme sud-africaine avec laquelle il entretiendrait une relation amoureuse et un complice mozambicain. 

Lors de leur arrestation, sur laquelle peu de détails ont filtré, ils étaient en possession de plusieurs passeports, a précisé jeudi le ministre de la Police, Bheki Cele, lors d'un point-presse au Cap.

- Enquête tardive -

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le couple extradé est arrivé dans un aéroport des environs de Johannesburg. 

Thabo Bester a été "réincarcéré" dans une prison à sécurité maximale, a précisé le ministre de la Justice Ronald Lamola lors du même point presse, ajoutant que sa compagne serait présentée à un juge dans la journée.Elle devrait notamment être accusée de complicité d'évasion. 

L'ex-fugitif sera surveillé de près, "24 heures par jour et sept jours sur sept" par des gardiens "hautement qualifiés", pour éviter à tout prix une quelconque faille de sécurité, a tenté de rassurer un responsable pénitentiaire. 

Mercredi, le porte-parole du président Cyril Ramaphosa avait affirmé que le chef d'Etat était "troublé" par cette drôle d'évasion et par les dysfonctionnements qui l'ont permise. 

Quatre suspects ont été arrêtés ces derniers jours en lien avec l'affaire.Parmi eux, le père de la compagne présumée de Bester a été inculpé en début de semaine pour meurtre, en lien avec l'homme retrouvé mort dans la cellule, dont l'identité reste inconnue à ce stade.

Des doutes sur la mort de Bester ont été évoqués pour la première fois dès novembre par le média local GroundUp, qui accuse les autorités d'avoir tardé à enquêter sur cette affaire insolite.

Entretemps, des photos montrant selon certains le condamné faisant ses courses dans un centre commercial d'un quartier chic de Johannesburg ont émergé.Et plusieurs femmes ont publiquement affirmé que le violeur en série les avait contactées via les réseaux sociaux.

La police a attendu le mois dernier pour ouvrir une nouvelle enquête pour meurtre après qu'une autopsie a révélé que l'homme trouvé mort dans la cellule de Bester avait succombé à un traumatisme crânien avant d'être incendié.

"Le scénario de cette histoire ressemble à un film et fait froid dans le dos", avait réagi Bafana Khumalo, co-directrice d'une association féministe alors que de nombreuses ONG reprochent régulièrement au gouvernement son incapacité à juguler les violences faites aux femmes.

L'évasion de cet homme condamné pour meurtre et viol "témoigne de l'incompétence de l'administration pénitentiaire et de la corruption endémique de ce secteur", a dénoncé de son côté l'EFF, parti radical de gauche dans l'opposition. 

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