La veille, lundi, des affrontements entre jeunes supporteurs de M. Sonko et forces de sécurité avaient eu lieu à Ziguinchor (sud), fief de l'opposant, et dans la région de Dakar.Les autorités ont fait état de trois morts, sans les lier directement aux troubles mais en évoquant un contexte propice selon elles aux violences.
Des heurts ont repris mardi en milieu de journée à Ziguinchor, malgré l'ajournement du procès, ont constaté des journalistes de l'AFP.
M. Sonko, président du parti Pastef-les Patriotes et troisième de la présidentielle en 2019, était censé se présenter devant une chambre criminelle à Dakar pour répondre de viols et menaces de mort sur une employée d'un salon de beauté de la capitale.
Il a toujours nié les faits et crié au complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle.
Il avait annoncé qu'il ne répondrait plus aux convocations de la justice, instrumentalisée selon lui.
Son accusatrice, Adji Sarr, jeune femme d'une vingtaine d'années, et la co-accusée de M. Sonko, Ndèye Khady Ndiaye, patronne du salon de beauté de Dakar dans lequel les faits se seraient produits, étaient bien présentes, dans un palais une nouvelle fois placé sous haute protection policière.
"Je suis en forme.J'ai confiance.On va gagner.C'est dommage qu'après une attente de deux ans pour un procès, il (Sonko) ait fui", a déclaré Adji Sarr, en robe blanche, avant l'ouverture de l'audience.
La cour a ordonné le renvoi de l'affaire au bout de quelques minutes.
M. Sonko, 48 ans, se trouvait alors à plusieurs centaines de kilomètres de là à Ziguinchor, capitale de la Casamance, ville dont il est le maire et où il s'est retiré il y a quelques jours, a dit le porte-parole de son parti, Ousseynou Ly.
M. Sonko ne s'est pas rendu au tribunal parce qu'il n'a pas reçu de convocation et parce qu'il a craint pour sa sécurité après avoir été malmené à trois reprises par les forces de l'ordre lors de déplacements antérieurs au Palais de justice, a dit à la presse un de ses avocats, Me Cheikh Khoureyssi Ba.
"C'est une question de vie ou de mort maintenant pour Sonko de venir au tribunal", a-t-il déclaré.Il n'a pas confirmé la présence de M. Sonko à la barre le 23 mai, mais l'a envisagée comme possible.
Habituellement très communiquant, M. Sonko se tait depuis plusieurs jours.Il risque d'être arrêté s'il persiste dans son refus de se présenter devant la chambre criminelle.
- Prêts à en découdre -
Des groupes de jeunes hommes déterminés à empêcher qu'on vienne le chercher pour le traîner de force devant la cour ont affronté les forces de sécurité une grande partie de la journée de lundi, les tirs de gaz lacrymogènes répondant aux jets de pierres.
Mardi, toutes les rues menant au domicile de M. Sonko restaient bloquées par des manifestants résolus, et exaltés pour nombre d'entre eux.Des jeunes, le visage masqué, barre de métal ou cailloux à la main, montaient la garde aux coins de rue de la ville, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Des heurts sporadiques ont également été rapportés lundi à Dakar et dans sa région.Un incendie a totalement détruit une vingtaine de véhicules dans un dépôt de la compagnie nationale de bus à Keur Massar, dans la banlieue de Dakar, a constaté un journaliste de l'AFP.La presse a rapporté des attaques contre deux magasins de l'enseigne française Auchan, cible habituelle de tels actes.
L'affaire Sonko, feuilleton aux confins de la politique et des moeurs, tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans.
M. Sonko a reconnu être allé se faire masser pour apaiser des douleurs de dos chroniques pendant le couvre-feu en vigueur lors de la pandémie de Covid-19.Mais il a toujours réfuté les viols et les menaces dont il est accusé.
Une condamnation contrecarrerait encore davantage sa candidature à la présidentielle.
Il a été condamné en mai à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre, un autre coup fourré selon lui.Cette peine à elle seule pourrait le priver de son éligibilité.
Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice ont régulièrement donné lieu à des incidents ou paralysé Dakar.Ses adversaires l'accusent de s'en remettre à la rue pour échapper à la justice, ou d'être un agitateur fomentant un projet "insurrectionnel".
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