Ethiopie: deux organisations dénoncent des arrestations de journalistes

Infos. Le Comité pour la protection des journalistes et la Commission éthiopienne des droits de l'homme ont dénoncé une vague d'arrestations de journalistes, dont certains favorables à la cause des Amhara, groupe ethnique opposé à une récente décision gouvernementale.

Ethiopie: deux organisations dénoncent des arrestations de journalistes

Dans un communiqué vendredi soir, l'ONG Comité pour la protection des journalistes (CPJ) affirme qu'"au moins huit journalistes" (Abay Zewdu, Dawit Begashaw, Tewodros Asfaw, Genet Asmamaw, Assefa Adane, Meskerem Abera, Yeayeneabeba Gizaw, Samuel Assefa) ont été arrêtés entre le 3 et 13 avril, essentiellement dans la capitale Addis Abeba. Six étaient toujours détenus vendredi et "font face à des accusations parmi lesquelles l'incitation à la violence". Quatre d'entre eux "informent et commentent principalement sur les problèmes politiques et sociaux affectant le groupe ethnique Amhara, le deuxième plus important en nombre en Éthiopie", souligne le CPJ. Certains avaient ouvertement critiqué la décision du gouvernement fédéral dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed de "réaffecter" dans l'armée fédérale ou la police les membres des "forces spéciales" régionales, unités militaires mises sur pied en toute illégalité depuis une quinzaine d'années par plusieurs des 11 Etats fédérés. Cette annonce a déclenché des épisodes de violences anti-gouvernementales entre les 7 et 13 avril dans la région de l'Amhara. "La dernière vague d'arrestations (...) brosse un tableau profondément déprimant de l'état de la liberté de la presse dans le pays", affirme Muthoki Mumo, représentant du CPJ pour l'Afrique subsaharienne. "Les autorités doivent libérer tous les journalistes détenus, enquêter sur les allégations selon lesquelles certains (...) ont été maltraités ou agressés pendant leur détention et veiller à ce que les journalistes n'opèrent pas dans un environnement de peur", ajoute-t-il. Dans un communiqué publié vendredi soir, la Commission éthiopienne des droits de l'homme (EHRC) - institution publique statutairement indépendante - a également demandé que "les suspects accusés de crimes liés aux médias soient libérés de prison sans aucune condition préalable". Elle évoque neuf personnes arrêtées en avril, cinq citées dans le communiqué du CPJ (Dawit Begashaw, Genet Asmamaw, Tewodros Asfaw, Samuel Assefa, Meskerem Abera) et quatre autres (Argaw Sisay, Getnet Ashagre, Beyene Wolde, Senait Ayalew). L'EHRC appelle "les forces de sécurité gouvernementales (à) s'abstenir d'arrêter et d'intimider les dirigeants et membres de partis politiques, les membres des médias et les militants". "Lorsqu'il y a un cas où ils sont soupçonnés de crime et qu'il y a suffisamment de preuves, les arrestations doivent être menées soigneusement et uniquement selon le cadre de la loi. Elles (les forces de sécurité) doivent également s'abstenir d'arrêter des suspects avant enquête", poursuit-elle. L'Ethiopie figure en 114e position (sur 180 pays) au classement mondial 2022 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), en recul de 13 places par rapport à 2021.

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