Dans un mouvement inédit dans ce pays d'Afrique de l'est, les commerçants du marché de Kariakoo n'ont plus ouvert depuis lundi. Exaspérés par l'entrée en vigueur le mois dernier d'une taxe visant leurs boutiques, ils réclament la fin des "taxes multiples, du harcèlement de la police et des collecteurs d'impôts". "Nous payons beaucoup d'impôts mais la fermeture a été motivée par la demande d'enregistrement de nos boutiques et de paiement de la nouvelle taxe sur les magasins", a déclaré un commerçant lors d'une réunion publique avec le Premier ministre Kassim Majaliwa, diffusée en direct à la télévision mercredi. Le Premier ministre a annoncé un moratoire sur la perception de la taxe et la création d'un comité de 14 personnes, composé de membres du gouvernement et de commerçants. Il a également demandé à la police de se "concentrer sur la sécurité des personnes et de leurs biens". A l'ouverture de cette réunion à laquelle participaient également des ministres et des responsables de l'administration fiscale, Kassim Majaliwa a assuré être attentif aux revendications des commerçants. "Il est maintenant temps de (...) rouvrir vos boutiques", a déclaré Kassim Majaliwa, applaudi par certains, tandis que d'autres demandaient de rejeter cette proposition. "Vous avez une demande sérieuse et nous sommes ici pour écouter vos doléances", leur a-t-il déclaré: "Parlez librement, je vous défendrai (...) Soyons patients et prenons note des défis". "Nous payons toujours des taxes à l'importation et on nous demande de payer pour ces mêmes marchandises une fois qu'elles sont en magasin. C'est de la double imposition", a déclaré Elimringi Goodluck, un commerçant. Plus grand marché de Tanzanie, Kariakoo constitue un carrefour commercial majeur avec les autres régions tanzaniennes mais aussi les pays voisins. Le pays est dirigé depuis 2021 par la présidente Samia Suluhu Hassan, qui a rompu avec la politique autoritaire de son prédécesseur John Magufuli. Si l'inflation est globalement contenue dans le pays (+4,3%), la population tanzanienne voit toutefois son pouvoir d'achat amputé par la hausse du prix des produits alimentaires (+9,1% sur un an) et des transports (+4,3%), selon des chiffres officiels publiés début mai.
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