Plus d'un Soudanais sur deux a besoin d'aide, l'ONU réclame 3 milliards de dollars

Infos. Plus d'un Soudanais sur deux a besoin d'aide humanitaire, a annoncé mercredi l'ONU, après plus d'un mois de guerre entre militaires et paramilitaires que les efforts diplomatiques internationaux ne parviennent pas à faire cesser.

Plus d'un Soudanais sur deux a besoin d'aide, l'ONU réclame 3 milliards de dollars
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Khartoum (AFP)

Mercredi, les combats ont de nouveau fait trembler les maisons de plusieurs quartiers de Khartoum, la capitale aux rues désertes, d'où s'élevaient d'épais nuages de fumée noire.

Après un mois de combats qui ont fait près d'un millier de morts, environ 750.000 déplacés et 220.000 réfugiés, l'ONU a revu à la hausse ses appels de fonds, indiquant avoir besoin de 2,6 milliards de dollars pour la seule aide humanitaire au Soudan.

"Aujourd'hui, 25 millions de personnes - plus de la moitié de la population du Soudan - a besoin d'aide humanitaire et de protection", a déclaré le responsable des Affaires humanitaires à l'ONU, Ramesh Rajasingham.

En décembre, ces besoins s'élevaient à 1,75 milliard de dollars.

A cela s'ajoute près d'un demi-milliard de dollars pour aider les réfugiés ayant fui dans les pays voisins, l'Egypte, le Tchad et le Soudan du Sud, eux-mêmes en proie à de graves crises.

Ces réfugiés seront plus d'un million au total cette année, prévoit l'ONU.

- "N'importe quoi" -

Avant la guerre lancée le 15 avril entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, déjà une personne sur trois souffrait de la faim dans ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus pauvres du monde.

Aujourd'hui, les vivres se font de plus en plus rares: les habitants de Khartoum, une ville de cinq millions d'habitants, sont terrés chez eux par peur des balles perdues, forcés de se rationner et à court d'argent car les banques sont fermées depuis le premier jour de la guerre.

L'industrie agro-alimentaire, déjà à genoux après 20 ans d'embargo sous la dictature d'Omar el-Béchir, qui a pris fin en 2019, est bombardée comme les maisons, hôpitaux et institutions à Khartoum et dans d'autres villes.

L'usine Samil qui produisait "60% des traitements nutritionnels pour les enfants en grande carence alimentaire", selon l'Unicef, est entièrement partie en fumée.

L'aide humanitaire, alimentaire et médicale a été pillée.

Médecins sans frontières a annoncé que "des hommes armés sont entrés mardi dans (son) entrepôt de Khartoum pour piller" au moins "deux véhicules remplis de fournitures".

Malgré le chaos qui règne à Khartoum et surtout dans la région du Darfour, frontalière du Tchad, où des combattants tribaux et des civils armés se mêlent aux combats, les négociations pour une trêve humanitaire semblent ne mener nulle part.

"Nous devons dire à ces généraux d'arrêter ce n'importe quoi", s'est emporté le président kenyan William Ruto devant des députés africains réunis en Afrique du Sud.

Réunis à Jeddah, en Arabie saoudite, les représentants des belligérants sont censés dessiner ensemble des couloirs humanitaires pour laisser sortir les civils et faire entrer l'aide humanitaire, sans avancées.

- "Comment les forcer?" -

Toujours à Jeddah, où se tient vendredi un sommet de la Ligue arabe, les chefs de la diplomatie égyptienne et saoudienne ainsi que le patron de la Ligue arabe se sont dits en faveur d'un cessez-le-feu, mais sans en proposer les contours.

Les pays arabes sont profondément divisés sur le Soudan: l'Egypte est alliée au général Burhane, les Emirats arabes unis au général Daglo et Ryad entretient des liens avec les deux camps.

Les efforts diplomatiques se multiplient néanmoins car les pays voisins redoutent une contagion.Mais, prévient le Rift Valley Institute, "il est difficile d'imaginer comment les deux généraux peuvent être forcés à cesser la violence".

Tous les deux, devenus rivaux après avoir mené ensemble le putsch d'octobre 2021, "voient l'existence de l'autre comme une menace", affirme le centre de recherche dans un rapport. 

Derrière cette guerre, expliquent les experts, se joue aussi la compétition entre des populations qui monopolisent historiquement le pouvoir et les ressources, et les composantes les plus marginalisées de cette mosaïque ethnique.

"Si le conflit se poursuit, il y aura de plus en plus de risques que des acteurs externes soient impliqués", ajoute le Rift Valley Institute, alors que déjà, le Soudan et ses mines d'or sont devenus une destination convoitée par des mercenaires et combattants étrangers.

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