Ce passionné du ballon rond de 27 ans a retrouvé espoir et confiance en lui après avoir rejoint il y a cinq ans les Juba Boys, l'une des rares équipes de cécifoot de la capitale sud-soudanaise.
"J'étais très malheureux et seul.Depuis que j'ai commencé le cécifoot, je me sens libre et heureux", confie Mubarak Joseph Hilary.
Fier capitaine, il mènera son équipe dans la finale de la première saison du championnat national pour déficients visuels, prévue la semaine prochaine dans ce pays d'Afrique qui, après cinq années d'une sanglante guerre civile entre 2013 et 2018, reste miné par les violences, une pauvreté endémique et les catastrophes naturelles.
Dans le plus jeune Etat du monde - indépendant depuis 2011 - dépourvu de nombreuses infrastructures, le handicap vient s'ajouter aux innombrables difficultés pour se déplacer, chercher un emploi ou pratiquer un sport.
"Les déficients visuels sont considérés comme des personnes qui ne peuvent pas faire grand-chose et sont exclus de la plupart des sports.On constate que le football peut les ramener sur le terrain", assure Simon Madol Akol, entraîneur au sein de la fédération sud-soudanaise de cécifoot.
"C'était très compliqué pour nous quand nous avons commencé" en 2020, raconte-t-il: "Il n'y avait que deux joueurs à l'époque".
Ils sont désormais plus de 80 à s'affronter lors de matches à Juba, avec l'ambition de s'implanter dans d'autres parties du pays.
- Permis de rêver -
Quatre clubs participent au tout nouveau championnat, inauguré le mois dernier.
Les matches opposent deux équipes de cinq joueurs - quatre joueurs de champ déficients visuels et un gardien de but voyant.
Les joueurs se repèrent grâce aux grelots qui tintent à l'intérieur du ballon, mais aussi grâce aux conseils prodigués par les deux guides placés derrière chacun des buts et les sons émis par les poteaux pour mieux viser.
Les joueurs doivent crier "Voy" ("J'y vais", en espagnol) lorsqu'ils taclent leurs adversaires pour les avertir et réduire les risques de blessures.
Mais les blessures font partie intégrante du jeu, soutient Mubarak Joseph Hilary, qui pratiquait le football avant de perdre la vue.
Avec une confiance retrouvée grâce au sport, cet aîné de huit enfants a ouvert un kiosque à tabac installé dans sa maison, une modeste cabane faite de bambou et de terre au toit en tôle, entourée de citronniers et de goyaviers.
Avec les bénéfices de sa petite boutique, il a repris cette année l'école, qu'il avait quittée après avoir perdu la vue en 2011."Je pensais que c'était la fin de tout pour moi", se souvient-il.
Aujourd'hui, il n'a pas peur de parcourir les dix kilomètres jusqu'à son école avec sa canne blanche, qui lui offre une nouvelle autonomie.
Mubarak Joseph Hilary ne s'interdit plus de rêver et comme beaucoup de joueurs de cécifoot, il souhaite que l'équipe du Soudan du Sud intègre les compétitions officielles africaines pour, pourquoi pas, un jour disputer les Jeux paralympiques.
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