Ousman Sonko est en détention provisoire depuis son interpellation le 26 janvier 2017 en Suisse où il avait déposé une demande d'asile après avoir été limogé de son poste de ministre de l'Intérieur occupé pendant 10 ans jusqu'en septembre 2016. Après une vaste instruction de plus de six ans, le Ministère public de la Confédération (MPC, parquet) a déposé lundi son acte d'accusation auprès du tribunal pénal fédéral, selon un communiqué. Les accusations visant M. Sonko portent sur une période allant de 2000 à 2016 et seraient, selon le parquet suisse, notamment constitutives de crimes contre l'humanité. Il lui est reproché "d'avoir, en ses qualités et fonctions, soutenu, participé et de ne pas s'être opposé aux attaques systématiques et généralisées menées dans le cadre de répressions par les forces de sécurité gambiennes contre tout opposant au régime du président Yahya Jammeh". Cette "politique répressive" visait "en particulier des opposants politiques, des journalistes et des putschistes présumés et aurait été caractérisée notamment par le recours systématique à la torture, au viol, aux exécutions extrajudiciaires, aux détentions arbitraires ou aux disparitions forcées", poursuit le MPC. Le MPC lui reproche notamment d'avoir, "dans le cadre de cinq événements entre 2000 et 2016, participé, ordonné, facilité et/ou n'avoir pas empêché des meurtres, des actes de torture, des viols et des détentions illégales". La Gambie, petit pays d'Afrique de l'Ouest et ex-colonie britannique, a été dirigée d'une main de fer pendant 22 ans par Yahya Jammeh qui vit en exil en Guinée Equatoriale après avoir été battu lors de l'élection présidentielle de décembre 2016. - Procès à venir - Le régime de Yahya Jammeh a été accusé par plusieurs ONG de disparitions forcées et de harcèlement des médias et des défenseurs des droits humains, accusations qu'il a rejetées régulièrement. L'interpellation de M. Sonko en 2017 faisait suite à une dénonciation pénale déposée par l'organisation non gouvernementale Trial International, basée à Genève et luttant contre l'impunité dans le monde. Depuis 2011, la justice civile suisse a la possibilité de juger les crimes les plus graves s'étant déroulés à l'étranger, à condition que leur auteur se trouve en Suisse et ne puisse pas être extradé ni remis à un tribunal pénal international. Le procès à venir - dont la date reste à déterminer - "marque une étape décisive dans le processus de justice transitionnelle en Gambie où des démarches sont aussi en cours afin de traduire en justice les responsables de l'ère Jammeh", a réagi Trial dans un communiqué. L'ONG souligne que le dossier est également "emblématique pour la Suisse, car il s'agira du second procès à se tenir devant le Tribunal pénal fédéral sur la base du principe de la compétence universelle", après la condamnation de l'ancien chef de guerre libérien Alieu Kosiah en 2021. "Il l'est d'autant plus car jamais en Europe un aussi haut responsable n'a encore été jugé en application de ce principe", a relevé Trial. Selon l'ONG, deux procédures pénales dirigées contre des anciens hommes de main de M. Jammeh sont actuellement en cours en Allemagne et aux Etats-Unis mais M. Sonko est "à ce jour le plus haut responsable du régime amené à répondre des atrocités commises en Gambie".
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