Sous le regard attentif d'une petite foule de fans et de curieux, les joueurs -- habillés du daraa, la tunique ample des populations nomades -- attendent le coup d'envoi, les visages voilés par des chèches et des crosses taillées dans du bois de palmier en main.
La rencontre est un temps fort du Festival international des Nomades organisé chaque printemps à M'hamid El Ghizlane, commune rurale située aux portes du désert, non loin de la frontière algérienne.
Cette aire de nomadisme fut longtemps la dernière halte marocaine sur l'ancienne route caravanière de la mythique Tombouctou.
"On joue au +mokhacha+ (ndlr: mot hassani, un dialecte arabe local, traduit commodément par hockey sur sable) durant notre temps libre", raconte à l'AFP Hamadi Boudani, un des hockeyeurs.
"Nos ancêtres étaient des nomades, et dès qu'ils élisaient domicile quelque part, ils se reposaient et pour passer le temps, ils jouaient à ce jeu qu'ils ont inventé à partir de traditions du Sahara", explique-t-il.
Une équipe vêtue de blanc affronte les "bleus" -- chaque camp est constitué de sept hockeyeurs, parfois plus -- sur un terrain de jeu rudimentaire, tracé à la main sur une parcelle de sable.
L'objectif: envoyer, à l'aide de la crosse, la balle en laine de dromadaire, au-delà de la ligne de but de l'équipe adverse.
L'arbitre s'appelle le "cheikh".
De fait, dans sa conception et ses règles, le hockey sur sable n'est pas si éloigné que ça de son cousin du Nord sur glace.
Lequel est né le premier ? Difficile à dire."Ce qui est certain c'est qu'à l'époque, les nomades n'avaient pas les moyens de savoir que les Occidentaux avaient un jeu similaire", remarque Hamadi Boudani.
La version saharienne exige de la dextérité pour bloquer, passer et frapper la petite balle freinée au milieu des nuages de poussière soulevés par les pieds nus des joueurs.
Comme d'autres jeux populaires ou sports traditionnels, le "hockey de nomades" est menacé de s'éteindre faute de pratique et de compétitions.
"C'est un héritage ancestral qui s'est transmis de père en fils.Il est primordial pour nous qu'il ne disparaisse pas", plaide Rachid Laghouanm, président de l'association des jeux traditionnels et du sport à M'hamid El Ghizlane.
"On essaie de créer de l'intérêt autour du jeu, surtout auprès des jeunes, en organisant des tournois à travers différents festivals du pays", souligne l'acteur associatif.
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