Ce "décasage" a commencé vers 07H30 locales (06H30 à Paris) dans le quartier de Majicavo, sur la commune de Koungou, dans le nord de Grande-Terre.
Les autorités françaises ont déployé depuis avril des centaines de policiers et gendarmes à Mayotte pour mener une série d'interventions des services sécuritaires et sociaux regroupées sous le nom de "Wuambushu" ("reprise" en mahorais).
"À Mayotte, ce matin, le volontarisme politique paye : nous continuons la destruction des bidonvilles, dans lesquels habitaient de nombreuses familles dans des conditions indignes, en proposant des relogements", a tweeté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Cette opération contestée, qui vise à réduire l'habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l'archipel des Comores voisines, était quasiment au point mort depuis son lancement il y a près d'un mois.
Prévue initialement le 25 avril, la démolition de Talus 2 avait été suspendue par le tribunal administratif de Mayotte à Mamoudzou, avant que deux nouvelles décisions de justice ne donnent raison à l'État, la dernière datant de mercredi.
Tôt lundi matin, des gendarmes équipés de pieds de biche et de masses sont entrés dans les habitations pour vérifier que personne ne s'y trouvait, selon des journalistes de l'AFP sur place.L'électricité et l'eau ont été coupées.
Puis les pelleteuses ont commencé à détruire le bidonville, fracassant les murs en dur et écrasant la tôle dans un bruit métallique sourd.
Derrière les portes, personne: les derniers habitants ont quitté Talus 2 à l'aube.
Un homme s'est cependant présenté aux gendarmes, racontant que son père avait laissé des effets personnels dans une des habitations, en bas du bidonville.
Il en est sorti avec un matelas, un ventilateur, une bouilloire et des plaques de cuisson.
Marteau et pince coupante à la main dimanche pour démonter la tôle de sa case, Ahmed Daoud, 50 ans, avait raconté à l'AFP que les autorités lui avaient proposé un relogement à Chembenyoumba, à l'autre bout de l'île.
"Les enfants ne peuvent pas être scolarisés, à deux mois des vacances.Je préfère qu'on reste ici, que les enfants continuent d'aller à l'école.On peut dormir sur la terrasse", soupirait cet homme de 50 ans, en situation régulière à Mayotte.
- Politique "équilibrée" -
La démolition de Talus 2, qui mobilisait lundi environ 200 personnes dont 150 gendarmes, "devrait durer toute la semaine", selon Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l'habitat illégal à la préfecture de Mayotte.
Les services de l'Etat ont dénombré "162 cases à démolir" dans ce bidonville, a précisé sur place à la presse le préfet, Thierry Suquet."On peut considérer aujourd'hui qu'il y a la moitié des familles qui vivaient dans ce quartier qui ont été relogées", a-t-il assuré.
Au total, les autorités françaises prévoient de détruire un millier de logements insalubres à Mayotte sur plusieurs mois, dans une quinzaine de périmètres.
"L'objectif est d'en finir avec les bidonvilles à Mayotte", a martelé le préfet, décrivant "une situation insupportable" pour les personnes qui vivent dans ces quartiers, "dont la vie est en danger".Il a défendu la politique "équilibrée" de l'Etat, qui, selon lui, permettra "aux Français qui vivent dans ces conditions-là et aux étrangers en situation régulière" d'avoir "un hébergement adapté".
Sur les 350.000 habitants estimés de Mayotte, la moitié n'a pas la nationalité française.Seul un tiers des habitants des quartiers insalubres la possède.
"Wuambushu" est dénoncée comme "brutale", "anti-pauvres" et violant les droits des migrants par des associations, mais soutenue par les élus et de nombreux habitants mahorais.
L'opération a fait l'objet d'un bras de fer entre Paris et Moroni, qui a entraîné la suspension de la liaison maritime entre Mayotte et la proche île comorienne d'Anjouan pendant près de trois semaines.
Les expulsions de sans-papiers comoriens ont pu reprendre mercredi dernier à la faveur du redémarrage des rotations du navire commercial Maria Galanta.
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