"Nous voulons rentrer chez nous, nous ne voulons pas continuer à vivre d'une aide misérable", a déclaré à l'AFP au téléphone Birhan Tadesse, originaire du district de Setit-Humera, à la pointe nord-ouest de l'Ethiopie, frontalier de l'Erythrée, après avoir manifesté à Mekele, la capitale du Tigré où elle vit depuis le conflit. Depuis la signature de l'accord de paix de Pretoria le 2 novembre 2022, "nous n'avons pas vu de progrès, à part que le son des fusils a cessé", a-t-elle poursuivi. Cet accord a mis fin à deux ans de terrible guerre entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités rebelles du Tigré, qui a débordé dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar. Durant le conflit, des forces et milices de la région Amhara - qui ont épaulé l'armée fédérale - se sont emparées du Tigré occidental et continuent malgré l'accord de contrôler cette zone revendiquée par les Tigréens et les Amhara. L'Ethiopie, mosaïque de 80 peuples, a été découpée en 1995 en Etats régionaux le long de lignes ethno-linguistiques. Les nationalistes amhara accusent l'élite tigréenne, qui dominait alors la coalition au pouvoir d'avoir accaparé au profit du Tigré des terres ancestrales amhara. Les Tigréens accusent de leur côté les Amhara de chasser depuis le conflit les populations tigréennes du Tigré occidental. "Nous demandons à rentrer dans notre patrie d'origine, pour pouvoir cultiver et manger. Les gouvernements internationaux doivent comprendre cela, il n'y a pas d'alternative", a estimé Hadush Kassa, originaire de la ville d'Humera, qui a lui aussi manifesté à Mekele. "La détresse des habitants du Tigré occidental doit cesser", "Appliquez l'accord de Pretoria, faites rentrer les déplacés", "Les forces d'invasion doivent quitter notre terre", pouvait-on lire sur des banderoles ou pancartes, selon des images retransmises par Tigrai TV, chaîne officielle des autorités tigréennes. Selon Tigrai TV, des déplacés originaires du Tigré occidental ont ainsi manifesté dans plusieurs localités du Tigré. Sollicité par l'AFP, Getachew Reda, président de l'administration intérimaire du Tigré, établie conformément à l'accord de Pretoria et composée d'anciens hauts responsables des autorités rebelles, n'a pas répondu dans l'immédiat. Vendredi, M. Getachew avait affirmé son "engagement commun avec le gouvernement fédéral à réinstaller les déplacés là d'où ils viennent, dans des zones du Tigré toujours interdites d'accès à notre administration", faisant apparemment référence au Tigré occidental. Le bilan exact est difficile à évaluer mais les Etats-Unis estiment que quelque 500.000 personnes ont péri durant ce conflit, durant lequel le Tigré et ses six millions d'habitants ont été longtemps privés d'assistance.
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