La note reste pour l'heure à B/B, mais pourrait donc être révisée dans les 12 prochains mois. L'agence justifie cette nouvelle perspective par les importants besoins de financement du gouvernement égyptien pour 2023 comme pour 2024, qu'elle estiment respectivement à 17 milliards de dollars puis 20 milliards de dollars. "Nous estimons que le gouvernement égyptien alloue 40% de l'ensemble des revenus collectés au paiement de l'intérêt de sa dette", a détaillé S&P dans son communiqué, "la majorité de ces paiements concernent le service de la dette domestique plutôt que les obligations internationales". Le gouvernement a lancé une série de réformes, notamment de privatisation d'un certain nombre d'entreprises publiques ou appartenant à l'armée, afin de répondre aux demandes du Fonds monétaire international (FMI), auquel l'Egypte s'est adressé le 10 janvier en vue de la mise en place d'un plan d'aide. La dette internationale égyptienne s'est envolée depuis 2013, année de l'arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, qui a renversé Mohamed Morsi, élu un an plus tôt. Le président al-Sissi s'est lancé dans une série de grands travaux, notamment la création d'une nouvelle capitale à l'est du Caire, qui ont fortement contribué à l'endettement du pays: entre 2013 et 2021, la dette extérieure égyptienne est passée de 46,5 milliards de dollars à 143,2 milliards de dollars, selon les données de la Banque mondiale (BM). Depuis la prise de pouvoir d'Abdel Fattah al-Sissi, l'Egypte a bénéficié du soutien financier de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unies mais les deux pays du Golfe poussent désormais en faveur des demandes de réformes formulées par le FMI. Pour l'heure, "les preuves relativement limitées des réformes ont augmenté la pression sur la livre égyptienne. Selon nous l'absence de progrès en la matière augmente le risque que les créanciers multilatéraux (FMI et BM, NDLR) et bilatéraux retardent ou n'apportent pas à l'Egypte les fonds nécessaires", a averti S&P. Le FMI prévoit une croissance de 3,7% pour 2023, contre 6,6% en 2022, et une inflation qui devrait atteindre 21,6% en rythme annualisé, alors qu'elle était à 8,5% en 2022.
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