Ce sont près de 32 millions de personnes au Kenya, en Somalie, en Ethiopie, qui vont bénéficier d'une aide d'urgence grâce aux dons et promesses de pays et organisations internationales, s'est félicité dans un communiqué le Bureau humanitaire de l'ONU (Ocha) à l'issue d'une conférence à New York co-organisée avec l'Italie, le Qatar, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
"La famine a été évitée", a proclamé l'Ocha, même si les Nations unies espéraient récolter bien plus d'argent: pour protéger les habitants de cette région de l'est de l'Afrique (Ethiopie, Erythrée, Somalie, Djibouti, Kenya et Soudan), sept milliards de dollars sont nécessaires.
La situation reste grave: "Des ressources additionnelles sont nécessaires, de façon urgente, pour éviter un retour au pire des scénarios", a prévenu l'organisation internationale.
Les fonds vont permettre aux humanitaires d'acheminer de la nourriture, de l'eau et d'assurer des soins et la protection médicale des populations.
- "La menace perdure" -
Mais Andrew Mitchell, secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères chargé du Développement et de l'Afrique, a mis en garde: "La menace (de famine) perdure et nous devons agir maintenant pour empêcher davantage de souffrances".
A l'ouverture de cette conférence des donateurs, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait solennellement exhorté la communauté internationale à participer à la levée de fonds afin d'empêcher que des "gens meurent" de faim.
Il avait dit vouloir "empêcher qu'une crise se transforme en catastrophe", faisant valoir qu'en 2022 des pays donateurs pour la Corne de l'Afrique avaient permis de "livrer de l'aide d'urgence à 20 millions de personnes et contribuer à éviter une famine".
Rien que pour la Somalie, le patron des Nations unies a rapporté que "l'année dernière, la sécheresse avait emporté 40.000 vies, dont la moitié étaient des enfants de moins de 5 ans".
Et dans ce pays de l'est de l'Afrique, depuis le début de 2023, plus d'un million de personnes ont été déplacées par les conflits armés, les inondations ou la sécheresse, aggravant les risques de famine, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et le Norwegian Refugee Council (NRC).
En Somalie, peuplée d'environ 17 millions d'habitants, plus de 3,8 millions sont des déplacés "venant aggraver une situation humanitaire déjà désastreuse où quelque 6,7 millions de personnes peinent à subvenir à leurs besoins alimentaires", ont insisté dans un communiqué à Nairobi ces deux organisations humanitaires.
Plus d'un demi-million d'enfants souffrent de grave malnutrition, selon elles.
- "Pire urgence climatique" -
De surcroît, a martelé Antonio Guterres, les "populations de la Corne de l'Afrique paient un prix insensé pour une crise climatique qu'elles n'ont en rien provoquée".
Cette région est même, a insisté l'Ocha, "l'épicentre de l'une des pires urgences climatiques de la planète".
Pour le chef de l'ONU, c'est le "chaos climatique (qui) provoque des inondations et sécheresses meurtrières et contribue au risque de famine".
De fait, la sécheresse historique qui frappe la Corne de l'Afrique est la conjonction inédite d'un manque de pluie et de fortes températures qui n'aurait pas pu se produire sans les émissions humaines de gaz à effet de serre, a démontré dans une étude publiée fin avril le World Weather Attribution (WWA), réseau mondial de scientifiques.
Depuis fin 2020, l'Ethiopie, l'Erythrée, la Somalie, Djibouti, le Kenya et le Soudan subissent leur pire sécheresse de ces 40 dernières années.
Avant la fin de la conférence de New York mercredi soir, l'Islamic Relief Worldwide, organisation non-gouvernementale fondée au Royaume-Uni par des musulmans indignés par la famine en Afrique, avait sommé les donateurs de "muscler leur réponse +honteuse+ à la plus grosse crise mondiale de la faim".
D'autant que "la Somalie, l'Ethiopie et le Kenya ne produisent que 0,1% des émissions mondiales de carbone, alors que leurs populations paient le prix le plus élevé du changement climatique".
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