Rattrapé après plus de vingt ans de cavale, M. Kayishema, silhouette trapue, chauve et portant de fines lunettes, est apparu impassible sur le banc des accusés. Il est accusé d'avoir "directement" participé au massacre de plus de 2.000 personnes dans l'église de Nyange (nord-est), "notamment en se procurant et distribuant de l'essence pour incendier l'église avec les réfugiés à l'intérieur", selon les procureurs de l'ONU. Né en 1961, il a été arrêté mercredi avec l'aide d'Interpol en Afrique du Sud, avaient annoncé jeudi les procureurs de l'ONU. "Un message puissant montrant que ceux soupçonnés d'avoir commis de tels crimes ne peuvent pas échapper à la justice", selon le porte-parole du secrétaire de l'ONU, Stéphane Dujarric. Fulgence Kayishema était visé par un mandat d'arrêt émis par le Mécanisme international (MICT) chargé depuis 2015 d'achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) mis en place par l'ONU après le génocide. Il a été repéré dans une exploitation agricole à Paarl, à une soixantaine de km du Cap. Il était recherché pour avoir participé au génocide qui a causé la mort de 800.000 Rwandais, en majorité tutsi, par des extrémistes hutu. Le flou règne encore sur son parcours pendant les nombreuses années où il a échappé à la justice internationale. Mais il a réussi à brouiller les pistes en utilisant des pseudonymes et de faux documents. Il aurait aussi bénéficié de l'aide de parents ainsi que de membres des ex-Forces armées rwandaises et des Forces démocratiques de libération du Rwanda, ainsi que de personnes adhérant à l'idéologie génocidaire hutu, selon les procureurs de l'ONU. Il vivait dernièrement sous le nom de Donatien Nibashumba, selon la police sud-africaine. Fulgence Kayishema était inspecteur à la police judiciaire pendant le génocide rwandais. Le TPIR a condamné au total 62 personnes. D'autres, comme Augustin Bizimana, l'un des principaux organisateurs du massacre, sont morts sans avoir affronté la justice.
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