Cette mesure a également pour objectif d'instaurer "l'égalité des chances" entre les écoles publiques et les établissements privés, où la langue de Shakespeare est enseignée dès le primaire, a expliqué à l'AFP Mohammed Zerouali, directeur des programmes au ministère de l'Education. L'anglais est actuellement enseigné à partir de la troisième année du collège public mais le ministère prévoit d'étendre progressivement son enseignement à 10% des élèves de première année et 50% des collégiens en deuxième année, dès la prochaine rentrée, a précisé M. Zerouali. La généralisation de l'apprentissage de l'anglais dans tous les collèges publics est prévue pour la rentrée 2025-2026. Ce projet vise à établir "le pluralisme linguistique de manière progressive et équilibrée", souligne une circulaire datée du 23 mai et signée par le ministre de l'Education Chakib Benmoussa, obtenue par l'AFP. Le français est aujourd'hui la langue étrangère la plus pratiquée, et de loin, au Maroc. - "Le Maroc s'anglicise" - "Une telle maîtrise de la langue de Shakespeare ouvrira des portes vers le monde, renforcera leur mobilité internationale et augmentera leurs chances de réussite professionnelle", se félicite "Maroc Hebdo" qui consacre son dossier au Maroc "qui s'anglicise". Le quotidien francophone "Aujourd'hui Le Maroc" évoque quant à lui "un virage linguistique inédit" et "une (...) grande rupture historique pour l'éducation au Maroc". Sur les réseaux sociaux, certains internautes ont applaudi la décision de M. Benmoussa, interprétée comme anti-française, sur fond de campagne médiatique francophobe alimentée par une profonde crise diplomatique entre Rabat et Paris. La réforme s'inscrit par ailleurs dans le cadre d'un vaste projet de réforme des programmes scolaires au regard des déficits d'apprentissage des élèves marocains, notamment en langues (y compris l'arabe), selon un rapport du Conseil supérieur de l'éducation, un organisme public consultatif, en 2021. Elle vise ainsi "à concrétiser les valeurs de l'équité et l'égalité des chances", précise M. Zerouali. Les dysfonctionnements structurels qui plombent l'école publique marocaine poussent beaucoup de familles, même les moins aisées, à confier leurs enfants à des écoles privées ou à des établissements étrangers où l'anglais est enseigné dès le plus jeune âge. L'enseignement public s'apparente à "une machine à reproduire les inégalités au sein de la société", s'alarmait le même rapport. Le ministère de l'Education a aussi l'intention de revoir les programmes d'enseignement du français, appris lui dès le primaire, "afin de renforcer les capacités des élèves" dans la langue de Molière, a ajouté M. Zerouali. En 2019, le Maroc a adopté une loi-cadre prévoyant l'enseignement des matières scientifiques en français plutôt qu'en arabe au collège, ce qui avait suscité de vives protestations des partis islamistes.
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