Le Congrès national africain (ANC) a recueilli 46,04% des voix, a annoncé la commission électorale, le plus mauvais résultat pour le parti historique de Nelson Mandela qui a remporté tous les scrutins à la majorité absolue depuis les premières élections démocratiques en 1994.
Pendant 27 ans, le mouvement centenaire fondé en 1912 a pu compter sur des voix données à chaque scrutin par loyauté au mouvement de libération.Mais ces dernières années, il fait face à la désillusion d'une population confrontée à un chômage record (34,4%) et écœurée par les multiples scandales de corruption impliquant des hauts responsables du parti, dont l'ex-président Jacob Zuma (2009-2018).
"Le peuple a parlé" a déclaré le président Cyril Ramaphosa, aussi patron de l'ANC, dans un discours immédiatement après les résultats qui marquent selon lui "une nouvelle étape dans l'histoire de notre démocratie"."Nous devons renforcer la confiance entre citoyens et élus", a-t-il reconnu.
Pendant la campagne pour ce scrutin test avant la présidentielle de 2024, le chef d'Etat a lui-même fait du porte à porte pour grappiller des voix.Il a présenté des excuses pour les "erreurs" passées, fait des promesses pour le futur et assuré "nettoyer le parti", sans franc succès jusqu'ici.
"Nous ne somme pas politiquement finis", a martelé devant la presse le chargé des élections au parti et ministre des Transports, Fikile Mbalula. Mais dans les rangs des fidèles, ils sont de plus en plus nombreux à arrêter de clamer voir couler dans leurs veines "un sang noir doré et vert", les couleurs de l'ANC.
- Tourner le dos -
Une grande partie de ceux en colère ont tout simplement tourné le dos aux urnes.La participation a été faible: seuls 47% des 26,2 millions d'inscrits se sont déplacés pour choisir les représentants de quelque 250 municipalités.
Et pour la jeune génération d'électeurs, qui a grandi avec l'étalage du linge sale du parti, l'ANC est synonyme de corruption et d'incurie.Des années de mauvaise gestion ont laissé des services publics à l'abandon dans un pays où le quotidien est miné par les coupures d'électricité et d'eau.
En juillet, le pays a connu une vague d'émeutes et de pillages à Johannesburg et dans la province du Kwazulu-Natal (est), qui ont fait plus de 350 morts. Au départ déclenchées par l'incarcération de l'ex-président Jacob Zuma, condamné pour outrage à la justice, les violences ont également été le signe d'un climat social et économique tendu.
Le scrutin s'est déroulé lundi sans incident majeur. L'armée avait été appelée en renfort de la police pour les élections.
Selon le politologue William Gumede à l'AFP, "une barrière psychologique" signant la fin de l'ère de domination absolue de l'ANC est désormais franchie.Sans majorité, le parti devra se résoudre à faire des coalitions, avec une opposition qui reste fracturée.
L'Alliance démocratique (DA), principal parti d'opposition, a aussi perdu des points par rapport aux élections locales de 2016, à 21,83% contre 26,9%.Les radicaux des Combattants pour la liberté (EFF) ont stagné aux alentours de 10%.
Dans le jeu des alliances, un jeune parti à tendance plutôt libérale qui s'attaque sans complexe à l'immigration, ActionSA, pourrait devenir le faiseur de rois.Le mouvement créé il y a un an par un millionnaire noir, Herman Mashaba, a gagné du terrain dans les grandes villes comme Johannesburg.
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