Aide au développement : "Il est temps pour nos pays africains de créer un nouveau contrat social", juge Jean-Luc Stalon

Jean-Luc Stalon, représentant du PNUD, le Programme des Nations Unies pour le développement, en République centrafricaine a participé vendredi 27 septembre au Forum mondial pour la paix, à Caen (Normandie). Il est notamment intervenu lors de la conférence intitulée “Reprendre la maîtrise du monde”, pour apporter des éclairages sur l'avenir de l'aide au développement sur le continent africain. Il a répondu aux questions d'Africa Radio.

Jean-LUC Stalon représentant du PNUD en République Centrafricaine

Crédit : Jean-LUC Stalon représentant du PNUD en République Centrafricaine

18h13 par Keisha MOUGANI

Titre :Écoutez Jean-Luc Stalon, Jean-LUC Stalon, représentant du PNUD en République Centrafricaine

Écoutez Jean-Luc Stalon, Jean-LUC Stalon, représentant du PNUD en République Centrafricaine

Vous participez donc vendredi 27 septembre au Forum sur la Paix en Normandie. Et vous allez intervenir lors de la conférence intitulée "Reprendre la maîtrise du monde" pour réfléchir notamment à de nouvelles méthodes de résolution de conflits. Et c'est vrai que que ce soit en Europe, en Asie, et notamment au Moyen-Orient et sur le continent africain, il y a plusieurs conflits qui sont en cours. Et vous, durant cette conférence, qu'allez-vous préconiser ? 


J'interviens surtout sur la question du partage et des inégalités. Parce qu'aujourd'hui, on fait face vraiment à de nouvelles formes de violences, et notamment des violences qui sont liéesaux inégalités.


Et il s'agit de voir un peu quels sont les moyens aujourd'hui dont on dispose pour diminuer ou pour atténuer ces inégalités Et donc, moi, si vous voulez, je focalise plus sur comment aujourd'hui, nos pays en Afrique peuvent atténuer ces inégalités. Il faut voir aujourd'hui que l'aide au développement, ce qu'on appelait l'aide classique au développement qui venait des pays donateurs et en réduction, une réduction assez significative.


Si vous regardez sur les dix dernières années, l'aide au développement diminue.


Elle diminue pourquoi ? Parce que les pays donateurs eux-mêmes font face à leur crise interne, différents types de crises qui font qu'ils ont moins de capacité à pouvoir faire de l'aide au développement. Donc, en réalité, il faut surtout voir comment nos pays en Afrique peuvent eux-mêmes financer leur développement à partir de leurs propres ressources. 


Quelles seraient les pistes pour que justement, les pays africains puissent financer en toute autonomie leur développement ?


Les pistes, non seulement il y en a, mais elles existent déjà. D'abord, il y a la capacité aux pays à pouvoir améliorer leur espace fiscal.


Ce qu'on appelle l'espace fiscal, c'est en réalité la possibilité d'avoir davantage de la collecte de revenus internes. Et ça, ça passe à travers une meilleure optimisation fiscale, une meilleure collecte des revenus, à travers des réformes comme la digitalisation, comme l'amélioration des systèmes de collecte des revenus.


Au Kenya, par exemple, le ratio des taxes est de 15% par rapport au PIB, alors que dans un pays comme la France, on est à plus de 45%. Donc, ça veut dire qu'en Afrique, on a encore de l'espace, on peut encore améliorer la fiscalité pour collecterdavantage de revenus. Ça, c'est la première source.


La deuxième, c'est qu'il faut transformer nos économies. On a des économies aujourd'hui qui sont des économies essentiellement extractives, c'est-à-dire qui sont basées sur nos richesses naturelles, sur nos matières premières.


Et il faut aujourd'hui créer, il faut transformer notre économie, aller vers de l'industrialisation, aller vers de la création de valeur ajoutée pour créer davantage de richesse.