Burkina: ses partisans dénoncent "la prise en otage" du président renversé

Des centaines de partisans de l'ex-président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré, renversé par un putsch en janvier, se sont rassemblés samedi à Ouagadougou pour dénoncer sa "prise en otage" et exiger sa "libération totale et sans conditions", a constaté un journaliste de l'AFP.

28 mai 2022 à 17h36 par AFP

D'abord retenu dans une villa de Ouaga 2000, un quartier huppé de Ouagadougou après le putsch du 24 janvier, M. Kaboré avait été autorisé à regagner début avril son domicile privé dans la capitale burkinabè, mais ne jouit pas de sa liberté, selon ses partisns.
"Un citoyen burkinabè, de surcroit un ancien chef d'Etat, est détenu chez lui à la maison, réquisitionnée et transformée en une prison", a affirmé Désiré Guinko, porte-parole d'une coordination d'organisations pro-Kaboré à l'origine du rassemblement.
Il a dénoncé "la prise en otage du président Kaboré" et averti que "si dans un bref délai" il n'était pas libéré "sans conditions", "la lutte pacifique s'étendra dans toutes les 45 provinces du pays".
La coordination avait initialement prévu une manifestation dans les rues de Ouagadougou près du domicile de M. Kaboré, interdite par les autorités.
Ils ont dû opter pour un rassemblement dans une salle de conférence de la capitale qui ne pouvait contenir tout le monde, et de nombreuses personnes ont été contraintes de rester à l'extérieur.
On pouvait y lire une banderole sur laquelle était écrite: "Détention arbitraire du président Roch Marc Christian Kaboré, la prise en otage n'a que trop duré".
M. Guinko a rappelé que les militaires avaient pris le pouvoir en affirmant "vouloir ramener la quiétude et la sécurité, mais le constat est fait par tout le monde: le résultat est négatif, en quatre mois de gestion du pouvoir, sur le plan sécuritaire, c'est un désastre".
"Dans un contexte pareil, il faut oeuvrer à l'unité nationale, on ne peut pas oeuvrer à la division, à la diversion, aux intimidations et aux arrestations", a-t-il ajouté.
Accusé de ne pas avoir su endiguer la violence jihadiste qui mine le Burkina Faso depuis 2015, Roch Marc Christian Kaboré a été renversé par une junte militaire conduite par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, aujourd'hui président de transition.
Après une courte accalmie suivant sa prise de pouvoir, M. Damiba fait face depuis mi-mars à une recrudescence d'attaques de jihadistes présumés qui ont fait plus de 200 morts, civils et militaires.
La libération de M. Kaboré a été réclamée à plusieurs reprises par la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), l'ONU et l'Union africaine.