Élections générales au Mozambique : un scrutin joué d'avance selon les opposants et certains électeurs

Mercredi 9 octobre, les électeurs du Mozambique sont appelés aux urnes pour élire leur prochain président et Parlement. Une élection jouée d'avance pour certains, dans ce pays lusophone de 33 millions d'habitants.

Daniel Chapo, candidat du parti Frelimo au Mozambique

Crédit : Frelimo

7 octobre 2024 à 17h54 par Keisha MOUGANI

Le mercredi 9 octobre, les Mozambicains devront élire leur président et les membres du Parlement. Une éléction qui semble jouée d'avance pour certains habitants et opposants.


Pays indépendant depuis 1975, tous les présidents qui se sont succédés sont issus d'un seul et même parti : le Frelimo (le Front de libération du Mozambique), fusion de trois mouvements nationalistes. Après la guerre d'indépendance (1964-1974), il s'est imposé comme le seul parti autorisé. Le multipartisme ne sera autorisé qu'en 1990. 


"Le Frelimo sera en tête on le sait, il l'est toujours", confie Dulce Micas, en marge d'un meeting de l'opposition près de la capitale Maputo. Le président sortant Filipe Nyusi, que la constitution interdit de se représenter après deux mandats, avait été élu il y a cinq ans avec 73% des voix contre 22% pour son principal rival de la Renamo (Résistance nationale du Mozambique), ex-rébellion fondée dans les années 70 qui est devenu un parti politique à la fin de la guerre civile (1975-1992). Il est depuis, le principal parti d'opposition.    "Nous n'avons aucun doute, nous allons gagner!", a déclaré Filipe Nyusi, dimanche 6 octobre, lors du dernier meeting de campagne du Frelimo. Le candidat du parti est Daniel Chapo, un ancien gouverneur provincial de 47 ans. S'il est élu, il deviendra le premier président né après l'indépendance du pays et également le premier à ne pas avoir combattu durant la guerre civile, qui a fait un million de morts. 


"C'est un inconnu", souligne le chercheur Borges Nhamirre. "Il a été choisi par le Frelimo car finalement, c'est le plus aisé à influencer": différentes factions chercheront à lui imposer des ministres à des postes-clé, analyse-t-il. 



Sente no teu coração a emoção do nosso encontro de ontem, no campo de Futebol na Machava Bedene, na Província de Maputo.Foi momento único em que encerramos, em festa, a Campanha Eleitoral e celebramos a nossa União, que vai levar Moçambique para a frente!#MoçambiqueParaFrentepic.twitter.com/UGpa3C8w6q


— FRELIMO Moçambique (@FRELIMO_) October 7, 2024

Une éléction jouée d'avance 


"Rien ne va changer, les résultats seront les mêmes", estime Domingos Do Rosario, qui enseigne les sciences politiques à l'Université Mondlane de Maputo, soulignant la faiblesse des traditions démocratiques de son pays aux fortes inégalités, où "le clientélisme" règne en maître. Pour Borges Nhamirre, "les institutions à tous les niveaux --corps électoraux, tribunaux, police-- vont manipuler le scrutin".


 Ces dernières semaines de campagne ont fait émerger un opposant, Venancio Mondlane, 50 ans, qui a récemment quitté la Renamo après avoir échoué à en prendre la tête. Il fait notamment l'unanimité auprès de la jeunesse. "Il est intelligent, il a du bon sens, j'aimerais tellement qu'il soit élu", soupire Olga, 30 ans, qui vend du poisson séché sur un marché à l'ouest de la capitale.


 "Si les élections étaient libres et équitables, il aurait des bonnes chances d'émerger comme le nouveau leader de l'opposition", estime M. Nhamirre.


Mais "depuis une vingtaine d'années, le Frelimo a privatisé l'Etat" et "la triche" électorale est omniprésente, affirme Domingos Do Rosario, mettant en garde contre des protestations dans les semaines qui suivront le scrutin.


Le Mozambique, très affecté par le déréglement climatique entre cyclones destructeurs et sécheresse, reste l'un des pays les plus pauvres au monde. Un projet de gaz naturel dans le nord est paralysé depuis 2021 par des violences de groupes armés jihadistes.


"Nous allons continuer à lutter pour débarrasser le pays du terrorisme", a promis et insisté Daniel Chapo dimanche 6 octobre.