En RDC, la pêche à la moustiquaire imprégnée inquiète les professionnels

Des pêcheurs congolais se sont alarmés samedi des conséquences pour les poissons et l'environnement de la pêche à la moustiquaire imprégnée d'insecticide, une pratique répandue parmi une population pauvre à la recherche de moyens de subsistance.

24 juin 2023 à 16h06 par AFP

Des millions de moustiquaires ont été distribuées aux habitants de nombreux pays en Afrique, où le paludisme, maladie parasitaire transmise par des moustiques, fait plusieurs centaines de milliers de morts chaque année.
Dans certaines régions de pêche, elles ont été détournées de leur usage premier et servent de filets. C'est le cas par exemple en République démocratique du Congo, sur le fleuve Congo et, surtout, ses affluents.
"Ceux qui utilisent les moustiquaires exterminent les poissons dans les rivières", a déploré Dawuda Mawete Tawaba, président des pêcheurs de la province du Kwilu, dans l'ouest de la RDC, interrogé par un correspondant de l'AFP à l'occasion de la "journée nationale du poisson" célébrée chaque 24 juin.
Non seulement leurs mailles, très fines, capturent les alevins mais le produit dont elles sont imprégnées est toxique pour l'écosystème des cours d'eau, notamment des rivières Kasaï, Kwilu et Kwango, qui coulent dans la région.
En plus des moustiquaires, les organisations professionnelles de pêcheurs déplorent que bien qu'interdits, des hameçons trop petits soient utilisés par certains.
"Comment les poissons vont-ils se reproduire? Normalement, on doit capturer les gros poissons, mais quand ces instruments sont jetés, ça prend et les gros et les petits", constate le président des pêcheurs.
Selon une enquête récente de la division provinciale de la pêche, plusieurs espèces de poissons, comme les euchilichthys ou les distichodus à long nez, sont devenues rares.
Le non respect des périodes d'interdiction de la pêche est aussi pointé du doigt par Jean-Paul Samba, chef du bureau de la pêche et des ressources halieutiques, qui "demande aux pêcheurs de respecter le calendrier".
Il y a deux périodes d'interdiction dans l'année, précise-t-il, notamment d'avril jusqu'à la mi-juin, période pendant laquelle les poissons se reproduisent.