Guinée: un Collectif suspend ses manifestations anti-junte après une médiation de la Cédéao

Un Collectif en Guinée à l'initiative de deux jours de violentes manifestations cette semaine à Conakry a annoncé la suspension des protestations pour une semaine à la suite d'une médiation de la communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), selon un communiqué transmis samedi à l'AFP.

30 juillet 2022 à 12h51 par AFP

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, a également annoncé "l'arrestation à son domicile" de son coordonnateur Oumar Sylla alias Foniké Mangué, "par des gendarmes" dans la nuit de vendredi à samedi.
M. Mangué a été "conduit vers une destination inconnue", a dit samedi à l'AFP un avocat du FNDC, Abdoulaye Keita.
Le FNDC affirme avoir eu vendredi "un entretien avec le président en exercice de la Cédéao, le chef d'Etat bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo", sur la situation en Guinée, dans son communiqué.
Il "a accédé à la demande expresse" de M. Embalo "de suspendre pour une durée d'une semaine les manifestations. Cette trêve a pour unique objectif de donner une chance à la médiation de la Cédéao pour trouver une issue favorable à la crise en Guinée", ajoute le communiqué.
Le FNDC avait appelé à des manifestations le 28 juillet et le 4 août sur tout le territoire national pour dénoncer la "gestion unilatérale de la transition" par la junte.
Les manifestations de jeudi ont fait un mort à Conakry, un bilan non confirmé par les autorités. Celles de vendredi ont fait un mort selon le parquet, quatre selon le FNDC.
Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre le président Alpha Condé au pouvoir depuis plus de dix ans (2010-2021), s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.
La junte a proclamé le 13 mai l'interdiction "jusqu'aux périodes de campagne électorale" de toute manifestation, pendant les trois ans de la transition.
S'exprimant jeudi à Bissau, au cours d'une conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron, M. Embalo, a assuré avoir convaincu la junte à accélérer le retour à la démocratie.
"J'étais à Conakry (...) pour faire comprendre à la junte militaire la décision du sommet des chefs d'Etat que la transition ne peut pas dépasser les 24 mois. Eux avaient proposé 36 mois, mais on a réussi à les convaincre", a-t-il dit.
En revanche, Ousmane Gaoual Diallo, ministre guinéen et porte-parole du gouvernement de transition, a indiqué à l'AFP que "ni le gouvernement ni la présidence ne confirment cette information sur la durée de la transition en Guinée".