Hausse des prix du carburant en Egypte confrontée à une inflation galopante

Le ministère égyptien du Pétrole a annoncé l'augmentation à partir de jeudi des prix du carburant à des taux atteignant 20% en raison de la fluctuation du taux de change de la livre dans ce pays le plus peuplé du monde arabe qui lutte contre l'inflation et le manque de dollars.

2 mars 2023 à 19h36 par AFP

L'économie égyptienne a été durement touchée après l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a un an, qui a déstabilisé les investisseurs internationaux et les a amenés à retirer des milliards de ce pays.
La guerre a fait monter en flèche les prix du blé, ce qui a eu un impact considérable sur l'Egypte, l'un des plus grands importateurs de céréales au monde, et a mis la pression sur ses réserves de devises étrangères.
Dans un communiqué, le ministère du Pétrole a indiqué que "compte tenu de la fluctuation des prix du pétrole et du taux de change de la livre par rapport au dollar, il a été décidé d'ajuster le prix de vente pour les trois types de produits essence, à partir de jeudi".
Ainsi le prix du carburant à indice d'octane 80 augmente d'environ 30 cents américains à 8,75 livres égyptiennes contre huit livres auparavant. De même, le prix d'un litre d'essence à indice d'octane 92 est passé à 10,25 livres égyptiennes contre 9,25 auparavant et à 11,50 pour l'essence à indice d'octane 95 au lieu de 10,75 le litre. Le prix du diesel est resté inchangé à 7,25 livres égyptiennes le litre.
Le gouvernement égyptien subventionne partiellement les prix de certains carburants, car il a mis en oeuvre, depuis 2016, un programme de réforme économique qui comprenait la suppression progressive des subventions gouvernementales sur les produits pétroliers.
En un an, la livre égyptienne a perdu la moitié de sa valeur et l'inflation a été multipliée par neuf. Les réserves en dollars ont fondu de 20%, à 34,2 milliards, dont 28 venus du Golfe. Le Caire pourrait ne pas pouvoir rembourser sa dette extérieure, qui a plus que triplé en 10 ans à 155 milliards de dollars, s'alarme Moody's.
Cette chute affecte encore un peu plus les 104 millions d'Egyptiens dans un pays où la majorité des biens sont importés: l'inflation atteint 21,9%, et, en décembre, les prix des denrées alimentaires avaient gagné 37,9% sur un an, selon les statistiques officielles.
Parallèlement, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé jeudi une augmentation du salaire minimum pouvant atteindre 15 % à partir d'avril dans le cadre d'un programme social visant à atténuer les difficultés économiques du pays.
L'Egypte a obtenu un nouveau prêt du FMI en décembre, mais les trois milliards de dollars qui lui seront versés sur près de quatre ans pèsent peu: le seul service de la dette pour 2022-2023 s'élève à 42 milliards de dollars.