Kenya: crainte de tensions pour le dernier meeting des poids-lourds de la présidentielle

Les deux principaux candidats à l'élection présidentielle au Kenya ont annoncé mardi leur intention de tenir le même jour, et dans le même stade, leur dernier meeting avant le scrutin à forts enjeux du 9 août, laissant craindre de possibles tensions.

19 juillet 2022 à 17h21 par AFP

La locomotive économique de l'Afrique de l'Est, qui doit élire le successeur du président Uhuru Kenyatta, a connu plusieurs périodes électorales marquées par des violences meurtrières, notamment ethniques.
William Ruto, actuel vice-président, et Raila Odinga, vétéran de l'opposition désormais adoubé par le pouvoir, sillonnent le pays depuis plusieurs semaines pour des meetings quotidiens, distribuant volontiers nourriture, tee-shirt ou autres cadeaux pour tenter de séduire une partie des 22,1 millions d'électeurs inscrits.
Leurs partis ont annoncé mardi avoir tous deux réservé le stade national de Nyayo et ses 30.000 places assises, au coeur de la capitale, pour un ultime meeting le dimanche 6 août, soit le dernier jour d'une campagne pour l'instant serrée.
L'UDA (United Democratic Alliance) de William Ruto a versé plus de 1,5 million de shillings kényans (environ 12.500 euros), assorti d'un chèque de 1 million de shillings pour couvrir d'éventuels dégâts, selon un document consulté par l'AFP. Une coquette somme dans un pays où trois personnes sur dix vivent dans l'extrême pauvreté avec moins de 1,90 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
Au même moment et au même endroit, la coalition Azimio la Umoja (Quête d'unité) de Raila Odinga "tiendra son dernier meeting officiel", a indiqué de son côté le secrétaire général du parti, Junet Mohammed, dans un communiqué.
La gestion de cette concomitance pourrait être un test décisif pour la sécurité du scrutin.
Le mois dernier, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des partisans des deux candidats qui s'affrontaient au sujet de l'accès à un lieu de campagne dans l'est de Nairobi.
"Nous avons un droit légal d'accès aux locaux. Nous ne nous attendons à aucun problème", a assuré à l'AFP un responsable de l'UDA sous le couvert de l'anonymat.
Les élections présidentielle, législatives et locales d'août sont scrutées de près dans ce pays où les scrutins ont à plusieurs reprises donné lieu à des violences.
Plus de 1.100 personnes sont mortes lors des violences post-électorales inter-ethniques de 2007-2008.
Dix ans plus tard, en 2017, les contestations des résultats ont abouti à une annulation du scrutin et des violences ont causé la mort de dizaines de personnes, pour la plupart tuées par la police dans la répression de manifestations.