Le Mozambique plongé dans une violente crise post-électorale
Les résultats aux élections générales au Mozambique, qui ont été annoncés le 24 octobre, ont provoqué une vague de contestation au sein de l'opposition et de la population. Cette dernière est appelée à manifester ce jeudi 7 novembre.
Maputo, la capitale du Mozambique
Crédit : Wikicommons
14h14 par Keisha MOUGANI
"Il y a une atmosphère révolutionnaire, une atmosphère montrant que nous sommes au bord d'une transition historique et politique unique dans le pays", a exprimé ce jeudi Venancio Mondlane dans un entretien à l'AFP. Il est à l'initiative de la manifestation qui doit se tenir ce jeudi 7 novembre à Maputo, la capitale du Mozambique.
Cette journée "de libération du Mozambique", comme il l'a baptisée, poursuit plusieurs semaines de contestations menées depuis la victoire proclamée du Frelimo, le parti au pouvoir depuis près de 50 ans.
L'opposant, depuis exilé à l'étranger, dénonce des fraudes et revendique la victoire aux élections générales du 9 octobre, un scrutin entaché de multiples irrégularités selon les observateurs internationaux, et où les résultats officiels l'ont crédité de 20% des voix.
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Venancio Mondlane, député de la province-ville de Maputo depuis 2015, était candidat de la Renamo aux municipales de 2023. Il quittera le parti en juin 2024 après avoir échoué à en prendre la tête.
Cet ancien chroniqueur littéraire et animateur de télévision et de radio, s'est largement fait connaître en 2019 lors des manifestations de l'opposition dénonçant des irrégularités massives lors du scrutin présidentiel notamment, qui a vu le Frelimo gagner avec 73% des voix.
Après son départ de la Renamo, il s'est associé ces derniers mois avec le parti Podemos ("nous pouvons", en portugais), issu d'une dissidence du Frelimo.
Crainte de débordements et de répression
Le ministre de la Défense Cristovao Chume a menacé mardi 5 novembre d'envoyer l'armée pour mettre fin à des semaines de manifestations post-électorales meurtrières qui visent selon lui à renverser le gouvernement, sur fond de craintes que le président sortant Filipe Nyusi ne déclare l'état d'urgence.
"Les manifestations violentes sèment la haine entre frères, détruisent les infrastructures. (...) Il y a une intention de changer le pouvoir démocratiquement établi. Si l'escalade de la violence se poursuit, les forces armées devront protéger les intérêts de l'Etat", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Selon l'Association du Barreau du Mozambique (OAM) "toutes les conditions sont réunies pour un bain de sang" jeudi, a-t-elle dit à des journalistes.
Les avocats de l'OAM ont pu libérer 2.700 personnes arrêtées - pour la plupart illégalement - pour avoir participé à des manifestations, a indiqué à la presse son président Carlos Martins.
Il y a eu de "graves déficiences" dans le processus électoral et il n'y a aucune garantie que le recomptage soit exact, a-t-il ajouté. "L'annulation des élections est une option qui doit être envisagée."
Le Conseil constitutionnel doit valider les résultats annoncés par la Commission électorale au moins 15 jours avant l'entrée en fonction du nouveau gouvernement, fixée au 15 janvier 2025.
Une situation qui inquiète à l'international
Appelant à un arrêt des violences avant la marche de jeudi, Amnesty International a qualifié la crise de "pire répression des manifestations dans le pays depuis des années".
Le Royaume-Uni, le Canada, la Norvège, la Suisse et les Etats-Unis ont pour leur part appelé dans une déclaration commune "toutes les parties à faire preuve de retenue tout en respectant l'Etat de droit et la vie humaine".
Parallèlement, l'Afrique du Sud a fermé mardi 5 novembre un passage frontalier très fréquenté avec le Mozambique en raison des violences post-électorales, a annoncé l'organe sud-africain de gestion des frontières.
Sept fonctionnaires mozambicains ont "demandé refuge" à l'Afrique du Sud "pour des raisons de sécurité et de protection", a indiqué mercredi 6 novembre cet organe, sans donner plus de détails.
(Avec AFP)