Un talent fulgurant, une fin tragique : ne manquez pas le documentaire sur DJ Mehdi !

Il a conquis la scène rap française à la fin des années 1990, a révolutionné l'électro au début des années 2000 et a laissé un vide immense à son décès en 2011, à seulement 34 ans. Lui, c'est Mehdi Favéris-Essadi, alias DJ Mehdi. Pour comprendre qui il était et retracer les étapes d'une carrière éclair, Arte diffuse un documentaire en six épisodes. Voilà pourquoi il faut regarder DJ Mehdi - Made in France.

Le prodige de Gennevilliers : des platines aux sommets du rap

Né en 1977 à Gennevilliers, Mehdi Favéris-Essadi, alias DJ Mehdi, grandit dans un univers musical éclectique, nourri par ses racines franco-tunisiennes. Dès l’âge de 13 ans, il maquette ses premiers sons dans sa chambre, jouant avec des vinyles et un magnétophone. Très vite, sa passion pour la musique se révèle dévorante et sa curiosité insatiable le pousse à explorer la soul, le funk, le jazz, puis le rock et la techno.

Le tournant décisif de sa carrière survient lorsqu'il rencontre Kery James, alors jeune rappeur d’Orly. Ensemble, ils révolutionnent le rap français au sein du groupe Ideal J, en proposant une musique engagée, sincère et crue. Mehdi devient le complice de nombreux collectifs de rap, apportant à chacun sa touche unique : une musique qui raconte la France multiculturelle, cette société métissée dont il est lui-même un produit.

Les Princes de la ville : du rap aux Victoires de la musique

L'album Les Princes de la ville, du groupe 113, marque sans doute l'apothéose de sa carrière dans le rap. En 1999, Mehdi échantillonne la musique du “bled algérien” pour créer le morceau emblématique Tonton du bled. Cet album est couronné de deux Victoires de la musique et se vend à 350 000 exemplaires, imposant le rap comme une force incontournable dans le paysage musical français. Le succès ne s’arrête pas là : DJ Mehdi devient l’architecte sonore de la Mafia K’1 Fry, collectif emblématique du rap des années 90.

Mais le succès du sampling n'est pas sans conséquence. Accusé de plagiat pour l’utilisation non autorisée de certains extraits, Mehdi doit faire face à la justice. Un dilemme qui pose une question essentielle : sampler, est-ce tricher ? Les réponses divergent, mais DJ Mehdi ne cesse de repousser les limites de la création.

Du rap à l'électro : l'ascension internationale

Lassé du son estampillé "banlieusard" au début des années 2000, DJ Mehdi se tourne vers l’électro, notamment la house de Chicago, et devient une figure majeure de la French Touch. Collaborant avec des artistes tels que Daft Punk, Cassius et Pedro Winter, il impose un nouveau son. Son passage du rap à l’électro lui vaut un statut de pionnier dans deux genres longtemps perçus comme antagonistes.

En co-fondant Ed Banger Records, Mehdi contribue à l'émergence d'une nouvelle génération d’artistes électro, dont Justice. À l’époque où la French Touch commence à s’essouffler, son apport à la scène internationale est immense. À l’instar d’un alchimiste, Mehdi fait fusionner les mondes, brouille les frontières entre ghetto et clubs cosmopolites, et redéfinit les codes de la musique.

Un hommage posthume : un talent et une générosité inoubliables

Le décès brutal de DJ Mehdi en 2011 à l’âge de 34 ans, lors d’un accident domestique, laisse un vide immense. Mais son héritage perdure. Treize ans après sa disparition, ce documentaire, qui alterne témoignages intimes et archives inédites, rend hommage à un artiste solaire, humble et généreux.

En filigrane, c’est aussi l’histoire d’une jeunesse française, ghettoïsée mais inventive, qui trouve dans la musique une échappatoire et un vecteur d’expression. À travers les souvenirs de ses proches et les succès de ses collaborations, DJ Mehdi : Made in France nous invite à célébrer un créateur qui, par son génie et sa passion, a su faire rayonner la musique française à travers le monde.

Le documentaire est à regarder ici sur Arte.tv.